
Médecine d’urgence pédiatrique moderne : le CHU d’Oran trace la voie
Le Centre hospitalo-universitaire Dr Benzerdjeb d’Oran a abrité, cette semaine, les premières Journées internationales consacrées aux urgences médicales et chirurgicales de l’enfant, un rendez-vous scientifique inédit dans l’Ouest du pays.
Organisé conjointement par la service de neurochirurgie et celui des urgences médico-chirurgicales pédiatriques, l’événement s’est tenu en co-organisation entre la direction du CHU d’Oran et de la Faculté de médecine de l’Université d’Oran 1, avec la participation d’experts nationaux et étrangers. Les organisateurs ont, dans leurs interventions, insisté sur «l’importance d’une prise en charge rapide, coordonnée et multidisciplinaire des urgences infantiles, souvent vitales».
Le professeur Noureddine Boudjema, chef de la neurochirurgie pédiatrique, a rappelé que «chaque minute compte lorsqu’il s’agit d’un traumatisme crânien, d’une infection grave ou d’une malformation congénitale nécessitant une intervention d’urgence». Le but de ces journées, a-t-il souligné, est de favoriser le partage d’expérience et la formation continue des équipes hospitalières, afin d’améliorer les protocoles d’intervention dans les services d’urgences pédiatriques du pays. Pendant deux jours, médecins, chirurgiens, anesthésistes, réanimateurs et urgentistes se sont succédé à la tribune pour présenter leurs travaux et leurs retours d’expérience.
Plusieurs communications ont porté sur des thématiques d’actualité : la prise en charge des traumatismes crâniens chez l’enfant, la neurochirurgie d’urgence, les malformations congénitales du système nerveux, ou encore la gestion des polytraumatismes en contexte hospitalier. Des sessions pratiques et des ateliers interactifs ont permis aux jeunes praticiens de se familiariser avec les dernières techniques de diagnostic et d’intervention, notamment en imagerie médicale, chirurgie mini-invasive et soins intensifs pédiatriques. L’événement a également mis en lumière les défis structurels que rencontrent les services d’urgences pédiatriques en Algérie : manque de lits spécialisés, déficit en personnel formé et insuffisance d’équipements adaptés aux enfants.
Pour le professeur Samia Rahmani, responsable du service des urgences médico-chirurgicales pédiatriques du CHUO, « il est urgent de repenser l’organisation des soins d’urgence pour les plus jeunes, en dotant chaque grand hôpital d’un service entièrement dédié, intégré à un réseau régional d’intervention rapide». Outre les experts algériens, des spécialistes venus de France, d’Espagne et de Tunisie ont animé plusieurs conférences. Leurs interventions ont porté sur les protocoles européens de tri et de transfert, l’utilisation de la télémédecine dans la gestion des urgences pédiatriques, et les avancées récentes en neurochirurgie d’urgence infantile. Ces échanges ont permis de comparer les pratiques et d’envisager des partenariats de formation entre établissements. Les organisateurs ont conclu ces journées par l’annonce d’un projet de création d’un centre de référence régional pour les urgences pédiatriques, rattaché au CHU d’Oran, qui servirait à la fois de structure de prise en charge, de recherche et de formation.
Un rapport final, compilant les principales recommandations, sera transmis au ministère de la Santé et aux instances universitaires dans l’espoir d’inscrire ces propositions dans la future stratégie nationale des soins d’urgence pédiatrique. Ces premières Journées internationales, saluées pour leur rigueur scientifique et leur ouverture sur la coopération internationale, marquent ainsi une étape fondatrice pour la médecine d’urgence infantile en Algérie, et particulièrement dans la région ouest où le CHU d’Oran s’affirme, plus que jamais, comme un pôle d’excellence hospitalo-universitaire.
Nassim.H