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Réserve marine de Taza à Jijel : efforts pour protéger la posidonie, «poumon silencieux» de la mer

A quelques mètres seulement de profondeur dans les eaux cristallines de la Réserve Marine de Taza à Jijel, s’étend une «forêt silencieuse» qui abrite une plante pleine de vie appelée Posidonie (posidonia oceanica).

Considérée comme le «poumon» de la Méditerranée, l’association «environnement sans frontières» veille à la protéger des dangers qui menacent sa survie et celle des écosystèmes qui en dépendent. La posidonie n’est pas une simple herbe marine, mais un véritable écosystème intégré jouant un rôle crucial dans la protection de la biodiversité. Décrite comme une «forêt sous-marine», elle constitue un abri pour des dizaines d’espèces marines. Bien qu’elle bénéficie d’une protection internationale, cette plante fait face à de multiples menaces affectant sa présence dans le grand bleu.

A Jijel, les membres de l’association «environnement sans frontières» œuvrent à protéger ce «poumon marin» contre les dangers qui menacent sa survie et, par conséquent, celle de nombreuses espèces.

A cet égard, le président de l’association, Nadjib Benaïad, a indiqué, lors d’une sortie sur le terrain, accompagné par l’APS, dans la réserve marine de Taza, qu’une convention de coopération a été conclue avec le parc afin d’assurer le suivi de l’évolution du cycle de vie de cette plante «silencieuse», dont beaucoup ignorent l’importance écologique.

La posidonie, présente entre 0 et 40 mètres de profondeur, n’est actuellement pas exposée à de grands risques sur les côtes de Jijel, grâce à la législation nationale protégeant cette plante, ainsi qu’à son intégration dans la réserve de Taza, qui lui offre une protection renforcée. Les opérations de suivi menées localement, en collaboration avec plusieurs clubs de plongée, ont également contribué à réduire les impacts négatifs dont elle fait l’objet, a ajouté le responsable associatif.

Les herbiers de la posidonie sont considérés comme de «véritables usines» à oxygène : chaque mètre carré produit environ 14 litres d’oxygène. Ils constituent également des réservoirs naturels de carbone, absorbant le CO2 et libérant l’oxygène, ce qui en fait l’un des mécanismes les plus efficaces pour préserver la biodiversité.

Les zones où elle se développe sont plus pures et plus riches en espèces marines, car les herbiers offrent un habitat propice à la reproduction de poissons, mollusques et crustacés. De plus, ils jouent un rôle de barrière naturelle contre l’érosion côtière grâce à leur capacité à fixer le sable.

L’association «environnement sans frontières» organise régulièrement, selon son président, des campagnes de sensibilisation en partenariat avec le Parc national de Taza et plusieurs clubs de plongée, dans les écoles et durant la saison estivale, en plus d’un suivi scientifique visant à préserver ce trésor marin. L’association a, par ailleurs, enregistré le début de la floraison de la posidonie sur la côte de Jijel, un phénomène scientifique rare.

Pour sa part, Youssef Mechekef, spécialiste des sciences marines, a indiqué que la dégradation des herbiers de la posidonie résulte de l’accumulation de plusieurs facteurs, notamment l’extension urbaine au détriment des espaces marins, l’utilisation de mouillages pour les embarcations, les filets traînants des navires de pêche, ainsi que la pollution.

Il a fait savoir que la disparition des herbiers de la posidonie est irréversible, contrairement à d’autres déséquilibres marins qui peuvent être corrigés, ajoutant qu’il œuvre à réaliser des cartes marines spécialisées des zones où se trouve cette plante, en exploitant les images satellites et en déterminant les zones de concentration, ainsi que la nature des fonds marins, afin d’évaluer l’ampleur de leur exposition aux facteurs de dégradation.

De son côté, la directrice du Parc national de Taza a rappelé que la réserve marine de Taza qui couvre une superficie de 9.602 hectares, est classée par un arrêté datant de 2022 et se distingue par la pureté de ses eaux et la richesse de sa faune et flore marines protégées et inscrites au patrimoine mondial, notamment la posidonie de Méditerranée. Elle a souligné que le Parc déploie d’importants efforts pour protéger cette plante oxygénante qui se présente sous forme d’herbiers le long du littoral de Jijel, à travers des partenariats avec des associations et clubs spécialisés afin d’assurer un suivi scientifique de son cycle de vie et la protéger des dangers susceptibles d’affecter son équilibre écologique.

 

 

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