Un bout d’été et des questions
Le président de la République, sans doute conscient du poids que fait peser un été sans distractions sur le moral des Algériens, a instruit le Premier ministre à l’effet d’alléger les conditions de confinement, rouvrir les plages et de lancer de nouvelles dessertes aériennes à destination de l’étranger. Dans le bout de la saison estivale qui reste, grâce au report de la rentrée scolaire au 21 septembre prochain, cela ouvre une fenêtre d’opportunité pour les familles et surtout pour les millions d’enfants privés de vacances pour cause de pandémie.
Il va de soi que les plus nantis d’entre les Algériens rêvent déjà de vacances à l’étranger. Du côté des agences de voyage, le calendrier estival qui était chétif durant tout l’été a des chances de se remplir pour cette fin de mois d’août et les trois semaines du mois de septembre. Il est attendu que la Turquie qui gagne en importance dans les carnets de commande, ces dernières années soit la destination-phare des vacanciers. Normal, dirons-nous. Le pays est vaste et sa culture l’est tout autan. Et plus encore, ces feuilletons à l’eau de rose et ses séries historiques constituent de vrais produits d’appel pour le secteur touristique. En effet, à voir l’engouement qu’éprouvent les Algériens pour les produits touristiques turcs, il y a fort à parier que ce pays aura sans doute la côte auprès des visiteurs.
L’attrait qu’exerce ce grand pays musulman sur les plus nantis ne tient pas qu’aux aspects culturels. Le printemps arabe a plus profité aux Turcs. Les étés « post révolutionnaires » constituent désormais une opportunité pour les Algériens d’aller chercher de la joie de vivre ailleurs qu’en Tunisie, en Egypte ou en Syrie.
A contrario, les Trucs ne savent toujours rien des lieux « mythiques » à l’image de la corniche Jijilienne, Bejaâi El Kala ou Ghazaouet. Ni de l’histoire plusieurs fois millénaires de notre grand et beau pays. Nos sites magnifiques seront, à l’occasion de cet allègement des mesures de confinement, inondés par des vacanciers nationaux, obligés d’accepter une qualité de service en dessous de tout, ou totalement délaissé en raison d’une dégradation ahurissante de cette qualité de service, notamment après des mois d’inactivité.
De fait, cette drôle de fin d’été, pandémie oblige, on aura encore à constater que la destination Algérie est très sérieusement concurrencée et on voit mal comment nos destinations, malgré la beauté des sites, pourraient rivaliser avec le dynamisme et le professionnalisme de l’industrie touristique qui nous vient des pays émergents.
Par Nabil G