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Une guerre sans merci
Il faut dire que la chose n’est pas vraiment une surprise. On s’y attendait un peu. Mais on ne pensait pas que les accusations et les reproches seraient aussi violents que ceux auxquels nous assistons depuis maintenant deux semaines.
En effet, l’Union européenne et ses responsables ne mâchent plus leurs mots en direction des grands laboratoires pharmaceutiques qu’ils accusent ouvertement de les priver sciemment des doses de vaccins qui leur étaient initialement destinées. Et si pour Pfizer, les choses sont plus ou moins nuancées après le retard d’une semaine dans les livraisons, les choses sont totalement différentes en direction du laboratoire anglo-suédois d’AstraZeneca qui est soupçonné de favoriser l’Angleterre au détriment des pays de l’UE.
Il faut dire que ce laboratoire devait initialement pourvoir la commission européenne de 80 millions de doses de son vaccin d’ici fin mars, mais il n’en sera nullement le cas puisque AstraZeneca a averti les Européens qu’ils ne pourraient recevoir que 31 millions de doses durant cette période. D’où ces accusations claires des Européens en direction de ce laboratoire britannique qui les prive ainsi de quelques 50 millions de doses qu’ils doivent trouver ailleurs.
En Amérique, aussi, la nouvelle administration Biden ne fait pas dans la dentelle et a pratiquement vampirisé la production de Pfizer et Moderna, puisque en plus des millions de doses déjà acquis, il est question maintenant de 300 autres millions de doses qui seront exclusivement dirigées vers le seul marché américain.
Autant dire que cette guerre des vaccins bat son plein et personne ne veut rien céder pour garantir et assurer la vaccination de sa population. C’est une course contre la montre et une guerre où même les alliés ne se font aucune concession.
Ce tableau donne une large idée sur la tension qui caractérise le secteur des vaccins et les difficultés qu’éprouvent les États à arracher ces vaccins. Ceci pour dire à quel point l’arrivée des premières doses dans notre pays ce vendredi et le début de la campagne de vaccination ce samedi est une nouvelle de la plus haute importance. Et elle renseigne surtout sur l’engagement de l’Etat algérien à tout mettre en œuvre et à actionner tous les leviers aussi bien financiers, politiques que diplomatiques pour se mêler à cette guerre et garantir aux Algériens ce fameux vaccin qui est le seul moyen efficace pour lutter contre la pandémie.
Par Abdelmadjid Blidi