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La place de l’Afrique du nord dans le nouvel ordre mondial:
Une opportunité historique

Une organisation regroupant l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et la Mauritanie est une réponse idoine à la menace que fait peser l’alliance israélo-marocaine sur la région et la création d’un marché commun nord-africain permettra au continent noir de disposer d’une réelle force de frappe qui viendra s’ajouter aux autres instruments pour que l’Afrique puisse tirer profit du nouvel ordre mondial.

Le succès annoncé du prochain Sommet arabe, les velléités d’indépendance des monarchies du Golfe vis-à-vis des Etats Unis d’Amérique sur le dossier du pétrole, l’avancée significative de la Russie et de la Chine en Afrique et la perte d’influence du bloc occidental auprès des Etats du continent noir, sont autant d’indices annonciateurs de changements profonds dans les relations internationales. Ces faits établis ne manqueront pas à terme, d’exiger de la part des pays nord-africains une posture unitaire, à même de leur permettre de défendre les intérêts des peuples de la région face au nouvel ordre mondial qui s’annonce multipolaire, mais loin d’être paradisiaque. Idéalement situé entre une Europe vieillissante, mais disposant de technologie et une Afrique encore sous-développée, mais mu par un dynamisme qui en fait la prochaine zone de croissance économique mondiale, le Maghreb peut également bénéficier d’un préjugé positif de la part des pays des BRICS. Mais ce positionnement idéal ne vaut qu’à travers une approche régionale commune entre les pays du Maghreb.
Il faut savoir que la prise de conscience de la nécessité d’édifier un ensemble politico-économique date de 1989 où, par le biais d’un Traité signé par les cinq chefs d’Etats de la région, à Marrakech, naquit l’Union du Maghreb Arabe. Le Sommet de Marrakech a été précédé de la réunion tenue par les Cinq chefs d’Etat Maghrébins à Zeralda (Algérie) le 10 juin 1988 au cours de laquelle il a été décidé de constituer une Grande Commission, chargée de définir les voies et moyens permettant la réalisation d’une Union entre les Cinq Etats du Maghreb Arabe. Les travaux de cette grande Commission ont constitué par la suite, le Programme de travail à court et à moyen terme de l’UMA. Mais ce rêve ne s’est pas concrétisé et l’UMA n’a jamais véritablement fonctionné, malgré la tenue de six sommets.
La normalisation avec l’Etat d’Israël engagée par Rabat, allant jusqu’à signer des accords de défense, synonyme de menace contre l’Algérie, il n’existe aucune de chance de voir le processus d’édification de l’UMA reprendre son court, d’autant que les actions hostile du Maroc ont conduit l’Algérie à rompre toute relation avec le royaume. L’impossibilité de conclure toute alliance avec son voisin de l’ouest, l’Algérie s’est tournée vers la Mauritanie, la Tunisie et la Libye, avec lesquels les relations politiques et économiques se densifient de jour en jour. De Sonatrach à Condor en passant par la Sonelgaz et autres compagnies publiques et privées algériennes opérant dans ces pays, Alger plante le décor d’une coopération multiforme avec Nouakchott, Tunis et Tripoli. Plus encore, le rapprochement stratégique qu’opère Le Caire avec Alger témoigne également d’une volonté d’édifier un partenariat politique et économique et politique fort au niveau de l’Afrique du nord.
Il est évident que les dirigeants des 5 pays sont conscients de l’opportunité qu’offre la situation géopolitique du moment pour propulser cet ensemble géographique en tant qu’interlocuteur sérieux, doté de richesses énergétiques et minières et d’un marché de plus de 160 millions de consommateurs. Les occidentaux et les pays du BRICS ne peuvent ignorer un partenariat aussi fructueux qui leur ouvrirait par la même occasion les portes de l’Afrique. Mais la conscience des chefs d’Etats des cinq pays les poussent à devoir créer un espace politico-économique doté d’instances communes pour négocier au mieux des citoyens de la région, avec le reste du monde. A l’image d’ailleurs, de l’Union européenne ou encore de la CEDEAO de l’Afrique de l’ouest.
Une organisation regroupant l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et la Mauritanie est une réponse idoine à la menace que fait peser l’alliance israélo-marocaine sur la région et la création d’un marché commun nord-africain permettra au continent noir de disposer d’une réelle force de frappe qui viendra s’ajouter aux autres instruments pour que l’Afrique puisse tirer profit du nouvel ordre mondial.
Anissa Mesdouf

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