Oran Aujourd'hui

«100 locaux par commune» : un vieux dossier scandaleux!

La semaine dernière notre confrère à Ouest tribune a évoqué à juste titre l’état d’abandon et de clochardisation des 300 locaux commerciaux construits à Aïn El Türck en 2012, il y a 12 ans, dans le cadre du fameux programme présidentiel dit des «100 locaux par commune». Des locaux qui pour la plupart n’ont jamais pu être fonctionnels mais sont restés squattés par des énergumènes qui les ont transformés en dortoirs et lieu de beuverie et de débauche. A Oran, au quartier Hlm-Usto, la bâtisse en R+1 abritant des présumés locaux commerciaux a été elle aussi longtemps pointée du doigt pour les occupations sauvages sans aucun rapport avec l’activité commerciale saine et transparente. Seuls les locaux en rez-de-chaussée ont été occupés par divers commerces après une démolition des fenêtres pour créer des portes d’entrée de magasin donnant sur le trottoir de l’axe routier reliant le rond point des trois cliniques à la cité HLM. Des petits magasins où se côtoient dans un désordre absolu un ferronnier soudeur, un opticien, un bureau de tabac, un marchand de «maa hlou», un gargotier et même un semblant de cafétéria occupant une partie de trottoir. Les locaux du premier étage restent quant à eux pour la plupart fermés à longueur de journée, mais occupés dès le début de soirée par deux ou plusieurs individus. Des «kechas» disent certains jeunes et moins jeunes de la cité qui se demandent à ce jour comment et sur quels critères ces locaux très mal conçus ont été attribués. La façade de la bâtisse qui devait, en principe, devenir un centre commercial moderne de proximité est aujourd’hui le reflet de l’anarchie et de la régression avancée avec sa façade «ornée» d’enseignes, de plaques et d’affiches hétéroclites indiquant même la présence d’un siège d’association et d’une antenne d’un parti politique. Bon nombre d’anciens résidents de la cité rappellent souvent le «combat» qu’ils avaient mené, en vain, pour revendiquer la réalisation sur cette assiette foncière d’un stade de proximité, d’une aire de jeux et d’espaces verts ou même d’un marché couvert fonctionnel pouvant accueillir les nombreux marchands de fruits et légumes, de poissons et autres produits alimentaires occupant illicitement les rues, les coins et recoins de cette grande zone d’habitat. On sait malheureusement combien à l’époque l’ancien mode de gouvernance locale était gangréné par l’autoritarisme arbitraire, la corruption et les passe-droits. Comment expliquer, soulignent des mauvaises langues averties, que certains jeunes, issus de familles aisées et possédant déja un emploi dans le secteur public ou privé, ont pu bénéficier de ces locaux dans le cadre de « l’aide à l’insertion des jeunes chômeurs ». A ce jour, on peut se rendre compte que certains locaux sont publiquement proposés à la vente ou à la location, par le bouche à oreille ou même parfois par une affichette discrètement placardée sur la façade. Avec le temps, les anciennes grandes colères se sont quelque peu estompées, et beaucoup d’anciens jeunes de la cité sont partis vers d’autres horizons pour faire ou refaire leur vie. Et pour les vieux pères de famille retraités, assis sur des blocs de pierre pour d’interminables parties de dominos, la vie semble continuer dans une amère banalité.

Par S.Benali

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