Il est sur-endetté à plus de 42 milliards de dollars, cumule des déficits annuels de plus de 7 milliards de dollars et la guerre en Ukraine est de nature à faire exploser tous les indicateurs négatifs.
En provoquant ouvertement l’Algérie au risque de perdre un important approvisionnement énergétique, le Maroc ne s’attendait certainement pas à vivre une situation aussi dramatique au plan social et économique. Ainsi, après les grandes manifestions contre la hausse des prix du carburant, le royaume ne cesse de s’enliser dans une crise économique sans précédent. Ainsi, des pans entiers de son économie s’effondrent en raison de la facture énergétique. Et celle-ci connaîtra une hausse inédite après la fermeture de l’unique raffinerie du Maroc.
Non alimentée en brut, car trop chère pour les capacités financières de l’usine, la raffinerie a purement et simplement suspendu son activité et mis plus de 3.500 employés à la rue. En effet, la suspension de l’activité de la Société marocaine de l’industrie de raffinage (Samir) a «creusé le déficit commercial avec la perte de la valeur ajoutée du raffinage du pétrole, en plus de la perte de presque 20 milliards de dirhams d’argent public dans l’endettement accumulé de l’entreprise», révèle un média locale.
L’on apprend également que l’arrêt de la raffinerie a causé «le licenciement potentiel de près de 900 employés permanents, et la probable perte de plus de 20.000 emplois au sein d’entreprises marocaines créancières». Le syndicat de la raffinerie a, pour sa part, expliqué que la suspension de l’activité de cette raffinerie «a entraîné une baisse importante des stocks de produits pétroliers, avec la difficulté de contrôler et d’assurer la qualité et le flux d’approvisionnement». Et d’ajouter qu’elle a provoqué «une hausse des prix du carburant de plus d’un dirham par litre, en plus des bénéfices garantis avant la libéralisation du marché». Une hécatombe pour «plus de 200 entreprises traitant avec la Samir ont été affectées dans leurs activités et leurs équilibres financiers, soulignant la privation de la ville de Mohammedia de potentiel commercial, de revenus fiscaux, et de soutien au développement urbain, sportif, culturel».
Il faut dire que cette fermeture, qualifiée par l’ancien Premier ministre Abdellah Benkiran de «faute grave», de «crime politique» et de «crime économique de l’État» par d’autres acteurs politiques marocains, a également «privé plus de 1.200 étudiants de formation professionnelle, en plus de la provocation d’une importante baisse dans l’activité du port pétrolier de Mohammedia».
La «Samir» assurait, avant sa fermeture, 64% de la demande en produits raffinés et une grande capacité de stockage (2 millions de mètres cubes). Selon une étude du Pr Nadjib Akesbi, publiée en mai dernier dans la Revue marocaine des sciences politiques et sociales, la privatisation de la «Samir» et les dégâts qui en découlent, sont le résultat d’un «mariage malsain entre +les affaires+ et le politique» au sein du Makhzen. En perdant son unique raffinerie, le Maroc tombe dans les abysses d’une crise extraordinairement complexe. Le royaume est sur-endetté à plus de 42 milliards de dollars, cumule des déficits annuels de plus de 7 milliards de dollars et la guerre en Ukraine est de nature à faire exploser tous les indicateurs négatifs.
Anissa Mesdouf