Après une brève accalmie engendrée notamment par le renforcement du dispositif déployé par les forces de sécurité, les nouvelles mesures mises en place et la dégradation des conditions météorologiques en période hivernale, les traversées clandestines ont commencé à se manifester en cette fin de la saison printanière sur les plages de la contrée d’Aïn El Turck.
Le chant des sirènes semble à priori toujours envouter les candidats à l’émigration clandestine et ce, au grand bonheur des organisateurs des folles et parfois tragiques traversées, une activité très lucrative. En effet, le phénomène a ressurgi ces derniers jours avec trois tentatives annihilées ces dernières 24h au large du littoral en question par les gardes côtes de la marine nationale, selon des sources sécuritaires. Deux d’entre elles ont été déjouées non loin de la minuscule crique rocheuse, s’étendant en contrebas du lieudit Le Rocher de la Vieille, situé à un vol d’oiseau de la localité de St Roch, porte d’accès du chef-lieu de la daïra d’Aïn El Turck.
L’une de ces embarcations aurait sombré suite à une fausse et brusque manœuvre du pilote, qui a paniqué en apercevant les gardes côtes. Une demi-douzaine de passagers a été dans l’obligation de se jeter à l’eau pour regagner le rivage à la nage où elle a été accueillie par les forces de la gendarmerie nationale. Une scène analogue s’est également déroulée au large d’une zone délimitant la plage de la localité de Claire Fontaine avec celle de St Germain, dépendantes administrativement de la municipalité d’Aïn El Turck. Une brève course poursuite a été engagée par les gardes-côtes pour tenter d’arraisonner une embarcation suspecte, qui a refusé d’obtempérer. Les deux occupants n’ont pas trouvé mieux que d’abandonner la chaloupe pour tenter de prendre la fuite en regagnant le rivage à la nage où les attendaient de pied ferme, dans le sens concret du terme, les forces de police. Sur sa folle lancée et sans pilote, l’embarcation est allée s’encastrer violement dans un récif bordant une zone rocheuse entre Claire Fontaine et St Germain, ont indiqué nos sources. Il convient de noter dans ce sordide registre que les habitants du chef-lieu ont encore en mémoire le naufrage d’une chaloupe survenu au cours du mois d’octobre dernier au large des côtes de l’Espagne et lors duquel sept personnes dont une jeune femme ont été portées disparues. Ils étaient 14 harraga au départ à s’être entassés dans une embarcation dotée d’un moteur de 130 chevaux, pour tenter la folle traversée à partir d’une plage de la localité de St Roch. La grande majorité de ces 14 harraga sont domiciliés au lieudit « La ferme », mitoyen à l’hôpital Dr Tami Medjbeur d’Aïn El Turck, sur la partie haute de la localité de Paradis Plage.
A l’annonce de la tragédie, relatée par les rescapés via les réseaux sociaux des cris et des hurlements de désespoir, poussés par les mères des victimes, provenant du lieudit « La ferme », ont troublé cette nuit là, qui était consacrée religieusement à la célébration de l’anniversaire de la naissance du prophète. La nouvelle avait terrassé parents, amis et voisins des victimes de cet énième drame de la mer.
Rachid Boutlélis