Pour garantir la sécurité et la souveraineté alimentaires, l’Algérie doit prendre en considération les conséquences des changements climatiques et les risques qui planent sur la production agricole nationale.
C’est le plaidoyer de Mme Fatoum Lakhdari, chercheuse agro-écologiste et ancienne directrice du Centre de recherche de Biskra sur les zones arides, qui a indiqué que désormais l’Algérie doit inscrire ses politiques agricoles dans une option d’aridité. «Notre pays est déjà impacté par les changements climatiques et de plus en plus menacé par ses effets dépressifs et néfastes et notamment sur la ressource hydrique et sur la qualité des sols à cause de la sécheresse», a déclaré Mme Lakhdari lors de son passage à l’émission «Invité de la Rédaction» de la chaîne III de la Radio nationale. Pour la chercheuse, les dernières précipitations qui se sont abattues sur certaines wilayas du pays ne doivent pas faire oublier l’impératif de prendre en considération les effets des changements climatiques dans la mise en place d’une stratégie durable de la sécurité alimentaire.
Évoquant le risque de la dégradation des sols et le risque majeur que représente la désertification, elle a rappelé que l’Algérie était pionnière en matière de sensibilisation contre ces phénomènes dès les années 1970. Elle a cité, dans ce sillage, la construction du barrage vert qui reste une référence, appelant ainsi à relancer le projet en se basant sur des connaissances scientifiques et une réelle connaissance des territoires des espèces d’arbres à planter et l’aménagement à apporter, entre autres.
Au sujet de la production agricole, Mme Lakhdari a affirmé qu’il est nécessaire d’appliquer des actions agro-techniques pour améliorer les rendements notamment pour les grandes cultures dont les céréales. Elle plaidé dans ce sillage à l’abandon de l’usage des intrants chimiques et autres pesticides dans l’agriculture pour leur substituer par des pratiques agro-écologiques « que nous avons hérité de nos ancêtres ». Elle a cité aussi l’extension des superficies agricoles mais ce projet nécessite, selon elle, beaucoup d’investissements. Concernant l’extension des superficies agricoles, la chercheuse agro-écologiste a affirmé qu’il y a une faiblesse dans ce volet, à savoir «l’urbanisation des meilleures terres algériennes». «Nous nous retrouvons aujourd’hui à chercher des terres dans des zones moins fertiles ou pratiquement il n’y a pas de sols adaptés à l’agriculture comme les régions sahariennes, ce qui va induire à un travail supplémentaire au niveau de la reconnaissance des sites à aménager mais aussi des moyens d’investissements beaucoup plus colossaux», a-t-elle expliqué.
Mme Lakhdari a indiqué, par ailleurs, que l’Algérie a fait de grands pas en avant en matière de sécurité alimentaire. Elle a affirmé qu’au niveau quantitatif, la ration alimentaire journalière moyenne par habitant est aujourd’hui d’environ 3 500 kilocalories alors qu’elle ne dépassait pas 1700 Kcal en 1962. «Mais beaucoup reste à faire», prévient-elle.
Mohand. S