Le volet politique et militaire n’a pas occulté les autres questions qui ont été abordées, sans détour par les deux présidents, la mémoire, les relations économique et commerciale, la question des visas et la coopération culturelle et scientifique ont connu aussi leur part du déplacement du président Macron en Algérie.
La dernière étape de la visite du pré sident français Emmanuel Macron en Algérie a consisté en la signature avec le Président Tebboune de la «déclaration commune pour un partenariat renouvelé, concret et ambitieux». Un acte politique majeur qui conclut une visite riche, amicale et qui a remis à l’heure les pendules de la coopération algéro-frnaçaise.
La déclaration en question ouvre, pour les deux pays, des perspectives prometteuses en matière de partenariat multiforme. Les observateurs qui ont suivi cette visite consentent à affirmer sa réussite aux plans politique et stratégique. En effet, outre la signature de la déclaration commune, les deux pays ont organisé à Alger, au deuxième jour de la visite, une réunion de très hauts responsables de l’armée et des services de renseignement.
La rencontre co-présidée par les deux chef d’Etat est un précédent dans les relations entre l’Algérie et la France depuis l’indépendance. C’est dire le niveau méticuleux de la préparation de la visite, dont on entendait en faire, à Alger comme à Paris, une étape historique des relations entre les deux pays. Il faut dire que le volet politique et militaire n’a pas occulté les autres questions qui ont été abordées, sans détour par les deux présidents, la mémoire, les relations économique et commerciale, la question des visas et la coopération culturelle et scientifique ont connu aussi leur part dans le déplacement du président Macron en Algérie. Cette visite, c’est aussi la halte d’Oran où le président français a dîné avec des personnalités oranaises avant de se diriger, le lendemain (hier), au siège de la maison de disque Disco Maghreb, rendue mondialement célèbre par DJ Snake. Il s’est également rendu à la Santa Cruz.
La chapelle attenante, lieu de pèlerinage très prisé durant la colonisation française (1830-1962), reste un lieu de recueillement et de promenade.
L’on aura constaté que le programme d’Emmanuel Macron a été totalement respecté et s’est déroulé dans une ambiance sereine qui dénote d’une volonté commune d’apaiser les relations entre les deux pays, même si le contentieux mémoriel demeure toujours posé. Les deux chefs d’Etat ont d’ailleurs convenu de laisser ce volet des relations algéro-françaises aux historiens et de ne pas le politiser pour réussir un rapprochement stratégique mutuellement souhaité. Ce rapprochement s’est traduit, notamment lorsque M.Macron a rencontré de jeunes entrepreneurs et du milieu associatif.
Le président français qui donne la nette impression d’avoir saisi la complexité des liens entre les deux pays s’est exprimé en tant que Français pour dire qu’avec l’Algérie, c’est «une histoire qui n’a jamais été simple. Mais une histoire de respect, d’amitié et, oserais-je le dire, d’amour». Il affirme aspirer à un partenariat élaboré «dans l’enthousiasme du moment», lors de multiples entrevues avec M. Tebboune. Il s’agira d’»un partenariat nouveau pour et par la jeunesse», a anticipé le président français, annonçant d’ores et déjà l’acceptation de 8.000 étudiants algériens de plus cette année en France, qui rejoindront un contingent annuel de 30.000 jeunes. Outre le dossier mémoriel autour de la colonisation française, la question des visas a empoisonné la relation bilatérale quand Paris a décidé à l’automne 2021 d’en diviser par deux le nombre octroyé en Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France. Il s’agira de lutter contre l’immigration clandestine tout en assouplissant les procédures pour «les familles de binationaux, les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et politiques qui nourrissent la relation bilatérale ».
Sur l’aspect mémoriel, il dira qu’une commission mixte d’historiens français et algériens va aussi être créée pour «regarder» en face l’ensemble de la période de la colonisation, «sans tabou».
Anissa Mesdouf