D’une petite dizaine de constructions illicites au départ, le bidonville greffé au quartier Haï Ibn Sina de la localité de Bousfer dont l’année de naissance remonte à quelques années, s’est depuis, sournoisement agrandi, au vu et au su de tout le monde.
Plus d’une soixantaine d’habitations, dans leur globalité faites en parpaing et en tôle ondulée, y sont aujourd’hui recensées. Leurs locataires, des familles, avec ou sans enfants, quand ce ne sont pas de nouveaux couples, certainement poussés par la précarité sociale, ont en fait leur gîte, loin du regard de la société, pour un court séjour ou pour longtemps, c’est selon. Il est inutile de décrire les conditions de vie qui y prévalent, car elles sont tout bonnement abominables.
Les masures, de pas plus de 30 mètres carrés, s’entremêlent dans un imbroglio indescriptible, que trahissent les dédales difformes qui font office de ruelles, sans bitume pour être poussiéreuses l’été et, marécageuses, l’hiver. L’idée du ou des premiers concepteurs de ce bidonville, était de le créer attenant au quartier Haï Ibn Sina, de naissance récente lui aussi, et constitué de maisons individuelles. Mais il fallait compter sans la réaction des habitants légitimes de Haï Ibn Sina qui levèrent le bouclier pour dénoncer cette « annexion illégitime », sortie de nulle part, un beau matin. Pas plus de 05 ou 06 mètres ne séparaient d’ailleurs, les premières constructions illicites des habitations du nouveau lotissement, d’où les premières altercations avec les locataires indésirables, dont certaines finirent devant la justice.
La cohabitation étant devenue agressive, voire belliqueuse, cela obligera les autorités locales de la municipalité de Bousfer à tenter d’en atténuer la teneur, en faisant reculer de quelques mètres les habitations illicites longeant la façade du lotissement Haï Ibn Sina, sans pour autant pouvoir, les éradiquer.
En revanche, et face à l’extension du bidonville qui se faisait dans l’autre sens, soit vers la façade qui donne sur la route nationale A34 qui relie la commune d’Aïn El Türck à Bousfer, les autorités locales ont jugé cette fois ci, utile de la freiner avec un mur de remblai haut de plus de 02 mètres.
Ce rempart de remblai ôtera à la vue des passagers l’existence de ce bidonville, certes, mais sans que cela ne change le quotidien de ces dizaines de familles qui l’occupent. Mieux encore, cela fera l’affaire des spéculateurs et leurs relais qui ont main mise sur le foncier dans la région, à essayer de gratter quelques lopins de terre pour leurs futurs clients, nombreux sur la liste d’attente.
Maintenant, pour l’alimentation en énergie électrique, les aveux des occupants sont sans détour, ils ont recours au piratage. Cela doit être pareil pour leur approvisionnement en eau potable. Quel sera le sort des familles de ce bidonville ? Elles, elles espèrent leur relogement, sinon elles vont continuer à y vivre et contribuer, dans un acharnement effréné, à améliorer autant qu’il se peut, leurs conditions de vie.
Karim Bennacef