Pour beaucoup de citoyens des communes de la daïra d’Aïn El Türck, la visite annoncée pour les prochains jours du wali d’Oran, Mr Saïd Sayoud, est, et sera toujours salutaire pour faire sortir la contrée balnéaire de sa léthargie et tenter surtout, d’impulser une nouvelle dynamique, si celle-ci a le mérite d’exister.
Les importants moyens financiers injectés par l’État lors des préparatifs des jeux méditerranéens qu’a récemment abrités la wilaya d’Oran, ont quelque peu transformé le visage des communes balnéaires, mais l’essentiel, à savoir celui afférent au cadre de vie global ou encore à celui du développement local, ne semble pas en voie d’être atteint. Une fois les lampions des JM éteints, le conformisme et l’immobilisme ont repris le dessus. Des chantiers à l’arrêt, à l’instar des deux programmes sociaux de 1500 logements (Douar Nakous) et 300 logements ( El Bahia) pour des raisons que le bon sens ne peut admettre, les 500 logements d’El Qaria, des locaux commerciaux destinés initialement aux jeunes chômeurs demeurés inoccupés depuis leur acquisition et dont la distribution serait truffée d’énigmes, sont quasiment en état de ruine, une fiscalité locale squelettique à revoir en priorité et qui ne profite en aucun cas à la trésorerie communale, une Zone d’extension Touristique (ZET) engluée dans un contentieux qui s’éternise depuis plus de 30 ans maintenant, sans parler de la poussée phénoménale des constructions illicites et la défaillance de la station de dessalement des Dunes, entre autres. La liste serait longue si l’on venait à énumérer tous les dysfonctionnements qui sont en fait la conséquence de l’accumulation de plusieurs décennies de non-prise de décision pour ne pas dire d’irresponsabilité et de mauvaise gouvernance. Mais la question centrale, qui taraude les esprits, demeure cette absence chronique de projets structurants, capables de créer de la richesse fiscale, des emplois, et par-delà une dynamique économique. L’emploi, est saisonnier, donc éphémère, ou versé dans l’informel, sans plus-value. La production agricole appauvrie, celle de la pêche, quasi inexistante. Il est annoncé du bout des lèvres, la réalisation d’un port de pêche et/ou de plaisance, un projet qui remonte aux calendes grecques, mais sur lequel ne filtre aucune information. Il a été maintes fois proposé la création d’une mini zone d’activités en rapport avec les métiers de la pêche artisanale si le projet du port de pêche venait à être conclu, mais il semble que cela est inutile alors que c’est un segment indispensable pour l’accompagnement de l’activité. On a fanfaronné avec la réalisation de l’embarcadère de Cap Falcon, alors que le projet s’est avéré un flop, non pas en raison du projet en lui-même, mais du choix de son implantation. Le projet de la ferme pilote de Bousfer, ambitieux de par son importance et de la dynamique qu’il allait créer localement, a été détourné bizarrement de sa vocation. Touristiquement parlant, le tourisme familial n’est pas d’abord à la portée de tous, ensuite, les infrastructures qui permettent son épanouissement, à l’exemple des campings de toile, sont inexistantes malgré une très brève apparition. Quant à l’ensemble hôtelier touristique existant censé être la locomotive économique à forte valeur ajoutée et le principal moteur du développement local voire régional, il n’arrive pas à mettre les petits plats dans les grands. Au-delà de toutes ces considérations, le potentiel existe. La station balnéaire est un gisement naturel qui réclame tout bonnement d’être valorisé, doucement mais sûrement, car les contraintes sont multiples et tout semble désormais être devenu prioritaire. Peut-être, qu’il est temps, comme le suggèrent nombre d’observateurs locaux, d’activer le dossier de la transition de la daïra d’Aïn El Türck vers une wilaya déléguée. Consolidée financièrement et bien encadrée administrativement, elle pourra prétendre sortir de la léthargie qui l’ankylose.
Karim Bennacef