L’Emir Abdelkader au sommet du Murdjajo…
Le wali d’Oran a annoncé la semaine dernière le prochain lancement d’un projet de réalisation au sommet du Murdjajo d’une très grande statue à l’effigie de l’Émir Abdelkader. Une statue haute de 42 mètres, a indiqué le wali d’Oran, qui sera dotée d’un balcon suspendu à 25 m du sol permettant, aux visiteurs de profiter de la vue exceptionnelle sur la baie d’Oran. Si le projet se concrétise, cette future statue de l’Émir sera donc le nouveau point culminant d’Oran, dominant la chapelle et le fort espagnol de Santa Cruz cités à ce jour en première référence dans les promenades urbaines et touristiques de la ville.
Ce projet de statue imposante à la gloire et à la mémoire de l’Emir Abdelkader, le père fondateur de l’Etat moderne algérien, a mobilisé une enveloppe financière de 1.2 milliard de dinars, et devrait être achevé avant la fin de l’année 2024 a indiqué M. Said Sayoud, soulignant que ce projet a été ordonné par le Président de la République. Ce projet grandiose devant battre les records mondiaux de hauteur de statue à travers le monde a évidemment suscité des applaudissements mais aussi des vagues de commentaires, de polémiques et de critiques parfois abusives sur les réseaux sociaux.
Pour une grande majorité de citoyens, il serait utile et légitime d’édifier un musée et un monument en hommage à celui qui a conduit et incarné, dès l’année 1832, la farouche résistance du peuple algérien à l’envahisseur français. Néanmoins, des appréhendions et des réserves sur certains aspects techniques du projet de statut sont avancés par bon nombre d’internautes qui se s’interrogent notamment sur l’utilité et l’opportunité de ce rayon laser sur l’épée de la statue pour indiquer la direction de la Mecque, ou de ces «cinq socles représentant les cinq piliers de l’Islam devant servir de support à la statue».
Pour les mauvaises langues locales, il s’agit plutôt là «d’erreurs de communication» ouvrant la porte aux arguments de ceux qui utilisent toujours la religion pour remettre en cause toute initiative de progrès et de modernité dans les opérations d’embellissement du cadre urbain. Bon nombre d’Dranais évoquent de leur coté, avec tristesse, le report ou l’annulation de certains projets urbains, comme les extensions du tramway vers l’aéroport et le complexe olympique, la restauration de la Mosquée du pacha et du Palais du Bey, l’éradication des bidonvilles et la restriction des quartiers de Ras-El-Ain et des Planteurs, ou encore la réhabilitation du quartier historique de Sidi El Houari. Et cela pour remettre en cause l’opportunité et la priorité de ce projet de statut. Un projet aux contours techniques et artistiques, porteur de risques d’erreurs et d’échecs en matière d’esthétique, de formes et de volumétrie…
Par S.Benali