EDITO

Consolider le front interne

Le lancement en grande pompe et avec un impressionnant renfort médiatique de l’initiative du front interne confirme une volonté partisane, mais aussi du paysage médiatique national,  de doter le pays d’une classe politique indépendante du pouvoir exécutif, tout en faisant un véritable pilier de la stabilité de la nation. Ce n’est certes pas un précédent dans l’histoire de l’Algérie qui a traversé beaucoup de bourrasques où seule l’unité nationale a permis d’en sortir avec un minimum de séquelles au plan de son identité historique-politique. La nouveauté de l’initiative d’hier, pilotée par le parti El Bina, tient dans son approche éminemment partisane.

 

L’exécutif n’a participé à aucune étape de la construction de ce front qui a montré sa première réalisation.  Dire que la présidence de la République n’a pas de parti qui lui baliserait la route est aujourd’hui une réalité. Le chef de l’Etat s’est revendiqué comme le candidat des jeunes et de la société civile. Il a visiblement tenu à sa démarche initiale et même s’il a appelé de ses vœux la constitution d’un front interne, il ne s’est pas mêlé à l’effort de son édification. C’est une affaire de  la société civile et des partis, il a laissé l’une et les autres s’organiser jusqu’à la concrétisation de la rencontre de ce samedi.

 

Il est, bien entendu, encore trop tôt pour parler de réalisation historique majeure, mais du seul fait que ni le FLN, ni le RND ou même le MSP,  trois grandes cylindrées de la scène nationale n’en n’aient pris le monopôle est en soit un facteur nouveau qui interpelle les observateurs. Il est clair en effet que ce front interne ne ressemble pas au précédent. Il n’est pas l’émanation d’une volonté supérieure, mais bien une construction qui part de la base et aspire à jouer un rôle important dans l’édification de l’Algérie nouvelle. Celle-ci a commencé à définir ses contours aux plans diplomatique et économique. Il lui fallait un pendant politique qui rassemblerait les Algériens autour d’un seul objectif sacré, celui de la sauvegarde de la patrie de tous les dangers internes et externes qui guettent sa stabilité.

 

Le front interne tranche clairement avec d’autres initiatives comme celle de la «Convergence démocratique» au milieu des années 90, qui a regroupé une pléiade  de partis de même obédience idéologique. Ce fut un échec. Une autre alliance, née en 2012, au cœur des printemps arabes, réunissant trois partis islamistes. Un autre échec. Les deux initiatives avaient pour motif principal, le pouvoir. Il n’était pas vraiment question de sauvegarde de la nation, même si de telles alliances ont été bénéfiques en soient, puisqu’elles ont montré leurs limites.

 

Le grand tort de ces partis était de n’avoir pas estimé à sa juste valeur le danger qui guettait l’Algérie. Aujourd’hui, à l’aube d’une nouvelle ère multipolaire à l’échelle de la planète, il serait temps que la multipolarité politique au niveau nationale doit, en tout état de cause, tirer dans la même direction. Quitte à inventer un nouveau modèle démocratique propre à l’Algérie qui soit indemne des virus transmis par l’occident.

 

Par Nabil.G

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