La mort silencieuse
Meurtri par un violent séisme qui, en plus d’être dévastateur, a montré les limites d’une gouvernance par l’humeur du roi, le Maroc profond est absolument seul face à un grand sentiment d’impuissance. Les Marocains des zones sinistrées sont, en effet, livrés à eux-mêmes dans un dénuement total en l’absence de toute aide extérieure. Quatre jours après le drame, des dizaines de milliers de victimes n’ont encore rien reçu. Et ce n’est pas faute de mobilisation internationale. En effet, comme à chaque grave catastrophe naturelle la planète entière se mobilise et des dizaines de pays proposent leurs aides dans les minutes qui suivent. Dans le cas de la Turquie, de la Syrie et il y a une vingtaine d’années de l’Algérie, les secours étaient déjà en zone du sinistre quelques heures après le tremblement de terre. Sauver des vies dans de pareils cas est une affaire de minutes pour les sauveteurs. Des dizaines de personnes ont été sauvées de par le monde grâce à la célérité des interventions des secouristes. Les spécialistes disent qu’il faut intervenir le plus tôt possible car après 2 jours, les chances de retrouver des personnes vivantes s’amenuisent considérablement. C’est ainsi que dans des séismes majeurs les réactions des Etats est immédiate, comme l’est d’ailleurs l’acceptation du pays touché par la catastrophe.
Dans le cas du Maroc, si l’offre de l’aide a été instantanée, la réponse a mis plus de deux jours pour arriver. Et comble de l’incompréhension, Rabat a sélectionné quatre pays seulement. Comme si le Maroc était le seul pays au monde à ne pas avoir besoin d’une aide massive en pareille situation. De grands pays disposant d’un savoir-faire reconnu et qui ont proposé leurs équipes de secouristes et des tonnes de médicament ont été recalés par le Makhzen. La France, l’Italie et des dizaines d’autres nations qui accumulent des années d’expérience et une expertise avérée se sont vus refuser l’accès au Maroc.
Pendant que le roi choisissait ses bienfaiteurs, ses sujets mourraient en raison de l’absence de secouristes et de médecins en nombre suffisant. Le nombre de victimes qui approche les 3.000 s’explique aussi par la catastrophique prise en charge après le séisme. En refusant l’aide humanitaire, le roi Mohamed VI a condamné des centaines de Marocains à une mort certaine sur le site même du tremblement de terre. Il a également obligé le reste de la population victime du séisme à vivre durant de long mois dans des conditions inhumaines.
Que peut-on attendre d’un régime, dont le seul souci est de préserver des acquis offerts par le palais royal, lui-même manifestement insensible à la souffrance du peuple. Sinon comment expliquer cet état de fait ? Il ne faut pas s’attendre à ce que la presse marocaine aborde la question de l’absence des secours. L’omerta est de mise dans ce pays où des hommes et des femmes meurent en silence.
Par Nabil.G
