Où sont passées les toilettes publiques ?
Le nouveau jardin urbain aménagé à Es Seddikia est évidemment un acquis très apprécié par les familles oranaises de plus en plus nombreuses à fréquenter l’endroit pour un moment de détente en plein air dans un espace vert agréable et sécurisé. Malheureusement, sur les réseaux sociaux, beaucoup dénoncent l’absence de sanitaires, se demandant pourquoi les cabines-toilettes installées restent fermées depuis l’ouverture du jardin au public. Des visiteurs de l’espace vert venant d’une commune voisine voulant soulager un besoin pressant ont été contraints de se rendre aux sanitaires de la mosquée voisine, fort heureusement encore ouverte à cette heure proche de la prière. Mais si certains expliquent que l’ouverture des sanitaires du jardin urbain risque de poser une série de nouveaux problèmes de gestion, d’entretien et de sécurité du site, bien d’autres témoins se déclarent choqués de voir des individus, enfants et adultes, chercher un coin discret pour se soulager. La pelouse et même le mur de la mosquée ne seraient pas épargnés par les urines et les souillures. Un problème qui peut être évité grâce à l’ouverture des cabines de toilettes. Evoquant ce paradoxe, les mauvaises langues locales pointent du doigt à la fois le manque de rigueur dans le mode de gestion de ce genre de structures de détente, mais également le déficit de civisme et de responsabilité citoyenne dans la prise en charge collective des installations et aménagements nécessaires à la vie collective tels que les espaces verts, les plantations, le mobilier urbain, les couvercles d’avaloirs, les bacs à ordures. Même les câbles électriques et téléphoniques ne sont parfois pas épargnés par le vol et le vandalisme. Un fléau qui a également touché les sanitaires publics trop souvent dégradés, salis et vandalisés par des énergumènes dénués de tout respect du bien public et de notions de savoir vivre en communauté. La plupart des grandes places publiques où existaient jadis des sanitaires sont aujourd’hui dépourvues de ces commodités pourtant indispensables à la bonne image d’une ville se voulant accueillante et hospitalière. Habitués depuis longtemps à ces situations les Oranais semblent passifs et résignés face à l’avancée de la régression dans l’organisation et la gestion des espaces publics. On pourrait aussi citer, pour illustrer le propos, le squat et le manque d’entretien des chaussées et des trottoirs à travers les quartiers et les cités d’habitat. Ou encore les fameux «dos d’âne» hideux et anarchiques érigés parfois par des particuliers à quatre ou cinq mètres les uns des autres. Fort heureusement une récente opération d’assainissement du réseau routier urbain a été récemment engagée par les autorités locales. L’absence de cabines sanitaires au nouveau jardin urbain d’Es seddikia, comme dans l’ensemble des autres espaces de promenade et de détente, reflète au final l’ambiance de laxisme et de renoncement en matière de sensibilisation et de mobilisation autour de ces questions liées à l’éducation civique et au respect des bien publics. Jusqu’à quand ?
Par S.Benali