Maroc : mobilisation dans les universités contre la normalisation avec l’entité sioniste
Les appels d’étudiants et d’enseignants se multipliaient dans l’ensemble du Maroc pour exiger l’arrêt des partenariats noués par une partie du monde académique marocain avec des universités sionistes, pendant que la population de Ghaza connaît des génocides et des bombardements meurtriers depuis plusieurs mois.
Une pétition appelant à «la rupture des liens» entre l’université Mohammed VI polytechnique (UM6P) – un établissement privé d’enseignement supérieur, de propriété de l’Office chérifien des phosphates (OCP) – et ses partenaires de l’entité sioniste a récolté près de 1300 signatures, rapporte le quotidien français «Le Monde».
Le Maroc et l’entité sioniste ont acté la reprise de leurs relations officielles en décembre 2020, en signant des accords de partenariat entre l’UM6P et huit universités sionistes connues pour mener, selon les signataires, des programmes de recherche avec l’armée ou les services de sécurité sionistes.
Elles seraient, de ce fait, «directement impliquées dans des crimes et des violations flagrantes des droits fondamentaux du peuple palestinien et des droits de l’homme en général», dénoncent les signataires, qui se sont regroupés en un «mouvement contre la normalisation académique».
L’initiative – une première à l’UM6P – un établissement privé, où le prince héritier Hassan poursuit ses études, a été particulièrement suivie du côté des étudiants, précisent les initiateurs du mouvement. Les protestataires indiquent que plusieurs de leurs représentants ont été reçus par un membre du conseil de gestion de l’UM6P, également médiateur du groupe OCP, pour leur annoncer qu’une telle décision (rompre avec les huit universités sionistes) ne pouvait être prise par l’UM6P.
Dans cette même lignée, une cérémonie à la faculté de gouvernance, sciences économiques et sociales (FGSES) prévue pour le vendredi dernier, aurait été «annulée brutalement» la veille, affirment les pétitionnaires, alors que «le port de keffiehs et la lecture de messages de soutien à la cause palestinienne étaient prévus».
A l’université publique, des cérémonies de remise de diplômes, au cours desquelles des étudiants projetaient de porter des symboles pro-palestiniens, ont, elles aussi, été annulées, comme à la faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’université Mohammed V de Rabat.
Samedi dernier, c’est le doyen de la faculté des sciences Ben M’Sik de Casablanca qui a refusé de remettre une distinction à une étudiante, «parce qu’elle arborait un keffieh», s’est insurgé dans un communiqué le Syndicat marocain de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Smesrs). Outre les étudiants, le corps enseignant est, lui aussi, mobilisé par endroits.
A Tétouan, plus de 600 professeurs et cadres de l’université Abdelmalek Essaâdi ont remis le 31 mai à son président une pétition dans laquelle ils exigent la rupture des relations avec l’université de Haïfa.
Une pétition du même genre serait en préparation à l’institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) de Rabat.
Le professeur Mohamed Naji signale qu’elle sera remise à l’administration dès la rentrée prochaine et ajoute que des étudiants préparent, eux aussi, une lettre de protestation.
L’année universitaire est terminée et les campus marocains sont vides, mais la mobilisation suit son cours, assurent les pétitionnaires.
Un front étudiant contre la normalisation académique devrait voir le jour, englobant aussi bien le public que des établissements privés, dont l’université internationale de Rabat (UIR) et l’université Euromed de Fès (UEMF), qui ont, comme l’UM6P, établi des partenariats avec l’entité sioniste.
«La rentrée sera chaude», promet le syndicaliste Hamid Abchir, ancien directeur adjoint de l’école supérieure de technologie (ESTC) de Casablanca.