EDITO

Une Méditerranée dos à dos

La Méditerranée occidentale est loin de vivre sa meilleure époque. Les pays de la rive nord tournent le dos à leur voisins de la rive sud. Il n’existe à l’horizon visible aucune initiative de rencontre multilatérale. Les Etats se contentent de rapports bilatéraux et il semble que cette importante région du monde, principale voie navigable du commerce mondiale ne soit concernée par une quelconque vision globale et concertée, au moment où la Méditerranée orientale vit une tragédie humaine. On devine le pourquoi du silence de la façade nord de la Méditerranée, mais cela ne devrait pas empêcher de se parler collectivement.

Les présidents et chefs de gouvernement de ces pays, qui se font face, devraient discuter de coopération économique, principale clé au problème lancinant de l’immigration illégale. On aura déduit que le printemps arabe, qui a justement pris forme dans la partie sud de la Méditerranée, a constitué un véritable appel d’air pour le phénomène de l’immigration clandestine. Les régimes anciennement forts et contrôlant leurs frontières nationales se sont effondrés au profit de nouveaux régimes censées être plus démocratiques, mais encore fragiles pour des raisons que l’on peut aisément deviner.

Les cinq pays européens, qui disposent d’une façade sur la Méditerranée, sont déjà «assommés» par le poids de la crise économique qu’ils ont eux-mêmes provoquée en prenant le parti de l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie. Ils voudraient sans doute que leurs voisins du sud partagent avec eux la «gestion» du gros problème de l’immigration clandestine. Mais pour cela, encore faut-il en parler à cœur ouvert. Et surtout s’écouter mutuellement et ne pas faire montre d’égoïsme. Cette crise, mais également l’effondrement économique annoncé des pays de la rive nord et de certains autres de la rive sud, obligent les uns et les autres à ne plus se tourner le dos. Les dirigeants de ces pays doivent comprendre l’urgence de la situation et faire de la Méditerranée un espace de paix, de collaboration entre les peuples et les Etats.

D’une discussion sérieuse et assumée naîtront des solutions viables. Il suffit de croire en la volonté de tous à hisser la Méditerranée au rang qui lui est dû depuis l’antiquité, à savoir une aire de civilisations qui ont tant donné à l’humanité. Il faut que ceux du nord sachent que ces civilisations sont nées des deux côtés de cette mer. Le savoir et le sang s’est mêlé du nord au sud et inversement. Cela est possible, mais à la seule condition de se débarrasser de la xénophobie avec son lot de poussées racistes au sein des institutions élues de pays du nord. Reconnaissons que lorsque le mal nourrit le mal, la catastrophe n’est pas loin. Surtout lorsqu’on se tourne le dos…

Par Nabil.G

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