EDITO

Une menace planétaire

La guerre en Ukraine, ou l’opération spéciale comme la qualifie les Russes, est entrée vendredi dernier dans son 100éme jour. Une guerre où Moscou a pris clairement l’ascendant avec une avancée remarquée à l’Est où les villes ukrainiennes tombent les unes après les autres aux mains de l’armée russe
Une avancée attendue depuis la chute de Marioupole et la défaite du groupe Azof, qui après de longs jours de résistance et un repli dans l’usine Azovstal, a fini par déposer les armes et se rendre, signant ainsi un tournant mejeur et peut être même décisif dans ce conflit.
Mais ce changement a secoué sérieusement Washington qui a décidé de passer à une étape supérieure, déclarant l’envoi d’armes offensives plus sophistiquées aux forces ukrainiennes. Il s’agit des lance-roquettes multiples américains Himars qui permettront aux forces armées ukrainiennes de frapper plus en profondeur les positions russes tout en disposant leurs batteries plus loin du front. Les missiles tirés par six depuis le Himars sont guidés par GPS et possèdent une portée environ deux fois plus élevée que celle des canons classique à obus déjà fournis par les États-Unis, les M777 Howitzer.
L’Amérique, de par cette décision, se place ainsi comme partie prenante dans ce conflit. Et même si le président Biden a insisté sur le fait que ces armes ne doivent pas être dirigés contre le territoire russe, assurant ne pas donner «à l’Ukraine les moyens de frapper en dehors de ses frontières», Moscou n’en croît pas un mot, et soutient comme l’a déclaré son vice ministre des AE Sergueï Riabkov, qu’une telle mesure «renforce le risque» d’un conflit militaire entre Moscou et Washington. On entre, au vu de ces derniers développements, dans un tournant risqué pour la paix mondiale, car plus le temps passe et plus il devient clair que le conflit met de plus en plus face à face Américains et Russes. Les deux superpuissances militaires qui engageront dans leur sillage leurs pays satellites, en plus d’un risque majeur de guerre nucléaire, tirent le monde vers un avenir des plus incertains pour la paix mondiale.
En effet, le monde n’a jamais été, depuis la crise de Cuba, aussi proche d’une guerre mondiale. Et le risque est loin d’être une vue d’esprit, puisque le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en a clairement fait allusion dans l’une de ses sorties médiatiques. La guerre mondiale ne relève plus de l’impossible, et dans les deux camps on place cette éventualité comme un fait pouvant survenir à tout instant.
Ainsi 100 jours après son déclenchement, et quels que soient les rapports de force sur le terrain, le conflit ukrainien est bien loin d’être fini. Pire encore, il menace aujourd’hui la paix dans le monde entier.
Par Abdelmadjid Blidi

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