Amar Bendjama dénonce le silence face au génocide en Palestine : «Ce silence est devenu plus qu’une simple complicité»
Par la voix de son représentant au Conseil de sécurité, l’Algérie a fustigé le mutisme de la communauté internationale face aux crimes de l’entité sioniste, affirmant que «ce silence est devenu plus qu’une simple complicité… mais plutôt une participation active à ces crimes».
L’Organisation des nations unies risque de perdre tout crédit auprès des Etats qui la composent. En restant inerte face au génocide en cours en Palestine, l’Onu n’agit plus en tant que vecteur de paix internationale. Beaucoup de voix s’élèvent de par le monde pour porter cette interrogation au sein même de l’institution onusienne. En cela la voix de l’Algérie est prédominante et la convocation d’une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l’Onu dédiée à la situation au Proche Orient en témoigne. Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, n’a pas été par trente six chemins. Il a appelé ses collègues à faire en sorte à ce que l’Onu puisse sauver ce qui reste de sa crédibilité. Cela passe par un cessez-le-feu à Ghaza. S’exprimant avec la clarté, dont est connue l’Algérie, M.Bendjama qui a évoqué la «situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne», a rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité interdisaient formellement l’utilisation de la famine comme arme de guerre, déclarant : «Nous assistons à un crime de guerre à Ghaza».
Il a souligné que l’entité sioniste «tend à soumettre les Palestiniens de Ghaza à une mort lente, à travers la famine et l’intensification des blocus tout en entravant l’acheminement de l’aide humanitaire», précisant que «les chiffres des Nations unies indiquent qu’à peine 52 camions arrivent quotidiennement, ce qui représente le minimum depuis novembre dernier des aides acheminées à Ghaza contre 500 camions par jour avant le 7 octobre 2023 (…)» et que «96 % des Ghazaouis font face à des crises et à des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire… il s’agit-là d’un acte délibéré», a-t-il affirmé. «En dépit de cette catastrophe, le personnel humanitaire n’est pas épargné, puisque 222 employés de l’UNRWA ont été tués alors que deux tiers de ses bureaux ont été partiellement ou totalement détruits», a déploré le diplomate algérien. Pourtant, soutient-il, «l’UNRWA est la pierre angulaire de l’action humanitaire, notamment à Ghaza, et depuis des années, les autorités israéliennes affichent leur volonté de la dissoudre, car représentant le symbole des réfugiés palestiniens et de leurs droits inaliénables… Nous réitérons que leurs droits sont imprescriptibles, étant garantis par le droit international».
M.Bendjama a fait état de 42.000 martyrs, dont 60 % sont des femmes et des enfants, et 100.000 blessés, dont certains avec des handicaps à vie, se disant choqué que 6 % de la population de Ghaza sont tombés en martyrs ou blessés au cours de l’année dernière seulement. Il a déclaré en outre que l’armée d’occupation sioniste avait exterminé dans l’enclave plus de 900 familles, entièrement effacées des registres de l’état civil, et que 17.000 enfants sont désormais sans tuteurs, en sus de la destruction de 66% des édifices et des infrastructures de base, indiquant que «les villes de la bande de Ghaza sont devenues des villes fantômes, des scènes horribles qui rappellent la fin du monde». Ce que fait l’armée d’occupation sioniste «n’est pas une opération militaire contre des groupes armés palestiniens ou contre des terroristes palestiniens, mais il s’agit plutôt d’une guerre contre le peuple palestinien lui-même», a-t-il fustigé, insistant sur le fait que «la situation en Cisjordanie n’est guère meilleure, avec la poursuite de la colonisation illégale, la construction de colonies et l’annexion sans précédent des terres palestiniennes».
Chasser les Palestiniens de leur terre est l’objectif de l’entité sioniste, a dit le diplomate. Il n’a pas manqué, à ce propos, de rappeler les menaces proférées mardi par l’armée sioniste d’expulser de force les malades, les déplacés et les équipes médicales des hôpitaux «Al-Awda», «Kamal Adwan» et «Indonesien», soulignant que cette menace faisait partie de la campagne militaire barbare menée contre le peuple palestinien dans le nord de Ghaza. Cet acte est «une violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire, voire une tentative de mise en œuvre d’un plan de déportation», a dénoncé l’ambassadeur algérien auprès de l’ONU.
Yahia Bourit