Oran Aujourd'hui

Sid El Houari : entre démolition et réhabilitation… le flou demeure

Selon des journaux de la presse locale, le wali d’Oran a dévoilé récemment un nouveau recensement indiquant que pas moins 1 034 bâtisses situées au vieux quartier historique de Sidi El Houari sont inscrites dans la liste du vieux bâti à haut risque d’effondrement.
On sait, depuis des décennies, à quel point ces vestiges d’un riche passé urbain n’ont pas été épargnés par l’érosion du temps et le laxisme des anciens acteurs successivement installés aux commandes de gestion de la collectivité.
Mais ce qui semble encore plutôt choquant et peu compréhensible est le fait de constater chaque année que bon nombre de gestionnaires locaux et d’acteurs sociaux militants au registre de la préservation du patrimoine se réveillent subitement de temps en temps comme s’ils venaient de découvrir la valeur historique et mémorielle de ce quartier et l’ampleur du fléau de la dégradation dans cette zone emblématique de la ville d’Oran.
Héritant à son tour de ce dossier de réhabilitation de Sidi El Houari, le wali en poste, parlant du coût de la restauration du quartier, aurait déclaré «être en face d’une situation qui dépasse les capacités d’intervention de la wilaya..».
Citant l’exemple de la restauration du seul édifice de l’ancienne préfecture qui nécessiterait une bonne centaine de milliards de centimes, le premier responsable local a souligné que les autorités locales ne vont pas pour autant abdiquer et relèvent ce défi majeur de la restauration du patrimoine immobilier.
Une démarche, nous dit-on, qui sera axée sur «la reconstruction à l’identique» de chaque immeuble démoli afin de «préserver le style architectural et l’identité de l’ancien quartier». Il est vrai qu’une majorité d’acteurs locaux impliqués soulignent l’importance historique et symbolique de ce quartier abandonné depuis plus d’un demi siècle à l’effritement avancé de l’immobilier et du cadre urbain dans toute sa composante.
Depuis des années, des projets sont annoncés pour consolider et reconvertir d’anciennes structures abandonnées dans des divers créneaux d’activités.
Mais souvent sans trop de succès ou de réussite, à l’image de ce grand édifice abandonné de l’ex-hôpital Baudens, une infrastructure de santé militaire construite en 1849 par l’armée coloniale et baptisée au nom d’un chirurgien de l’armée française, Lucien Baudens, mort en1857.
Ce que bon nombre d’acteurs et élus locaux semblent d’ailleurs ignorer. Dans un premier temps, cet ancien édifice devait être cédé à la grande Sonatrach pour en faire un «centre de formation dans l’industrie du pétrole».
Plus récemment le site a été pompeusement annoncé comme devant abriter un «observatoire régional de l’environnement». D’autres idées et tentatives d’aménager l’endroit en Musée, en lycée d’excellence, ou en grand centre d’activités culturelles et artistiques animées par le milieu associatif, n’ont jamais abouti ni connu le moindre début d’amorce.
Comment exorciser ce mal de la stérilité se demandaient souvent des élites sociales et intellectuelles oranaises marginalisées à l’époque par un vieux système de gouvernance gangréné par la prédation et la médiocrité. Sur plus de 1 000 bâtisses recensées comme étant abandonnées et livrées aux risques d’effondrement, seules une vingtaine, situées sur les meilleures façades du quartier ont été prises en charge et valorisées pour servir de siège à des organismes publics.
A l’image du siège de l’OPGI sur la place ex-Kleber, l’ancien centre ville d’Oran. Mais rares sont aujourd’hui les visiteurs ou mêmes les Oranais des nouveaux quartiers qui s’aventurent dans les coins reculés du quartier, du côté de l’ancienne place de la perle, de vieille église St Louis, ou dans certaines anciennes ruelles jadis pittoresques, vivantes et animées ?
Par S.Benali

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