Les carences résiduelles dans la gestion de la croissance urbaine
Les Oranais se souviennent du lancement du chantier de cette tour dite «d’affaires» de 14 étages édifiée sur l’ancienne place Karguentah.
Une place où était implanté depuis longtemps un marché de vente de tissus et d’objets traditionnels très fréquenté et qui a été détruit par un incendie. A l’époque, des urbanistes avisés avaient attiré l’attention des responsables sur les risques et les inepties urbaines liées à la réalisation de cette tour en cet endroit précis. Un lieu connu pour le passage d’un flux d’écoulement d’eaux souterraines.
Il y a plus d’une vingtaine d’années, lors des travaux de fondation de cette grande bâtisse édifiée sur la place Karguentah, un spectaculaire effondrement de terrain avait éventré tout une partie du trottoir, ne causant par miracle que quelques blessés légers.
Les habitants et résidents de ce quartier du centre ville n’ont pas cessé, en vain, de protester contre la construction de cette tour qui a effectivement fini par assombrir le paysage et faire disparaître l’horizon et la belle vue sur la Montagne du Murdjadjo que l’on pouvait jadis admirer à partir de la place, juste en face de l’ex-Maison du Colon aménagée en palais de la Culture.
Le Wali de l’époque avait ordonné l’arrêt des travaux et la consolidation des parois sur le sous-sol fragilisé par les eaux souterraines.
A ce jour, les Oranais parmi les plus âgés se demandent pourquoi et comment les gestionnaires de l’époque avaient autorisé le lancement de cette énorme construction sur une place urbaine centrale pourtant préservée par le fameux PDAU, Plan directeur d’aménagement.
Avec le temps et les différentes conjonctures politiques et sociales, ce genre de dérives dans la gestion de la croissance urbaine allaient quelque peu se poursuivre, nourries par la prédation et la course à l’appropriation du foncier le plus convoité. A ce jour bon nombre de résidents dans des habitations individuelles continuent de temps à autres d’adresser des lettres ouvertes à la presse et des réclamations au premier responsable local pour dénoncer la construction de tours de plusieurs étages dans leur voisinage immédiat.
Dans certains quartiers, des anciennes coopératives d’habitat individuel sont touchées par ces tours promotionnelles qui sortent de terre comme des champignons. Le long de certaines grandes rues et avenues du tissu urbain, de vieilles habitations de un ou deux étages ou même de belles villas construites récemment sont de temps à autres démolies pour laisser place à un immeuble de plus d’une dizaine d’étages.
Un jeu de l’offre et de la demande sur le marché du foncier qui reste encouragé il est vrai par le développement urbain, la construction en hauteur et l’attractivité de ce créneau d’investissement dans la promotion immobilière. Il est vrai que la croissance urbaine de la capitale oranaise implique aussi la réalisation de grands édifices construits sur plusieurs étages dans des espaces ou des enclaves bien adaptées. Mais face au déficit de rigueur dans les études de plans d’urbanisation, les schémas de projections urbaines, quand ils sont finalisés, ne sont pas toujours respectés.
A l’image des fameux POS, plan d’occupation des sols des différents quartiers, tels que Maraval, St Hubert, Cité Djamel, Point du jour, et bien d’autres.
Par S.Benali