
Coopération commerciale entre l’Algérie et l’Union européenne : les prémisses d’un dialogue entre Alger et Bruxelles
Les deux parties cherchent à avancer dans un cadre plus transparent et prévisible. Dans ce cadre, les discussions de ce jour visent à bâtir une architecture de coopération qui rassure les opérateurs.
Le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a reçu, dimanche à Alger, le chef de la délégation de l’Union européenne (UE) en Algérie, Diego Mellado. Les deux hommes ont examiné les moyens du renforcement de la coopération commerciale et économique commune, selon un communiqué du ministère du Commerce extérieur. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte où le déséquilibre commercial entre l’Algérie et l’Union européenne a duré plus de vingt-cinq ans, période pendant laquelle les échanges ont en grande partie profité aux partenaires européens. Il faut savoir que pour chaque dollar exporté, l’Algérie importait 10 dollars de l’Union européenne. Ce déséquilibre s’est nettement réduit depuis que l’Algérie a engagé des mesures pour protéger et soutenir sa production nationale.
La rencontre, tenue au siège du ministère, s’est déroulée en présence de l’ambassadrice du Royaume du Danemark en Algérie, Mme Katrine From Hoyer, ainsi que de l’ambassadeur du Royaume d’Espagne en Algérie, Fernando Moran, précise la même source. La délégation algérienne a ainsi rappelé le cadre multiforme dans lequel s’inscrivent les échanges, tout en soulignant la nécessité d’équilibrer les relations afin de favoriser un développement mutuel et durable.
La réunion a été consacrée à l’examen des «voies et moyens de renforcer la coopération commerciale et économique entre l’Algérie et l’UE, dans le cadre d’un partenariat équilibré et d’une approche gagnant-gagnant», ajoute la même source. L’esprit de la rencontre résonne comme une reconnaissance explicite de la volonté commune de corriger les déséquilibres structurels qui ont perduré au fil des années. Autour de la table, les deux parties ont évoqué des mécanismes concrets pour améliorer l’accès au marché, faciliter les investissements et optimiser les chaînes de valeur transfrontalières, tout en insistant sur la nécessité d’un cadre qui soit réellement réversible et bénéfique pour l’économie nationale et les entreprises algériennes.
Pour autant, les observateurs insistent sur le fait que les années d’échanges asymétriques ne se dissipent pas sans mesures spécifiques de protection et de soutien. Dans ce sens, avant même ce dialogue, l’Algérie a entrepris des mesures pour protéger sa production nationale et assurer la compétitivité de ses secteurs clés. Cette orientation apparaît comme une réponse nécessaire à des décennies d’importations qui ont pesé sur les capacités industrielles locales et sur l’emploi, et elle s’inscrit dans une logique de recentrage des ressources et de diversification économique.
La conjoncture actuelle a également été marquée par le contexte juridique et commercial international, où l’UE a engagé une procédure d’arbitrage contre l’Algérie, procédure lancée quelques semaines avant cette rencontre. Cette réalité juridique vient rappeler que les relations économiques se jouent aussi sur le terrain des engagements et des litiges potentiels, et que les deux parties cherchent à avancer dans un cadre plus transparent et prévisible. Dans ce cadre, les discussions de ce jour visent à bâtir une architecture de coopération qui rassure les opérateurs, protège les intérêts nationaux et s’inscrit dans une trajectoire de croissance partagée.
En somme, cette rencontre illustre une volonté politique de redéfinir les contours d’un partenariat économique plus équilibré. Les échanges ont insisté sur la construction d’un cadre gagnant-gagnant, où les intérêts de l’Algérie et ceux de l’Union européenne ne s’opposent pas mais se complètent. Le communiqué évoque, au-delà des simples échanges diplomatiques, une dynamique de travail qui pourrait déboucher sur des accords opérationnels et des initiatives communes destinées à promouvoir l’investissement, l’innovation et la compétitivité, tout en répondant aux besoins réels des filières industrielles et des exportateurs nationaux.
Yahia Bourit