Oran

Agriculture : le safran, nouvelle richesse rurale

La culture du safran, considérée comme l’une des filières agricoles les plus prometteuses et à forte valeur ajoutée, a été au cœur d’un atelier organisé à Oran, où des experts et des praticiens ont mis en avant l’importance de développer cette production au niveau local et d’accompagner les femmes rurales qui s’y investissent.

La rencontre, initiée par l’Association «La main dans la main pour la promotion de la femme rurale», a permis de dresser un bilan de dix années d’expérimentations et d’identifier les leviers nécessaires pour structurer la filière dans la wilaya. La présidente de l’association, Allou Baba Ahmed Rahou, a rappelé que la première tentative de culture du safran à Oran remonte à 2013.

Menée dans la ferme de Aïn El Kerma, une zone à la fois montagneuse et proche du littoral, l’expérience s’était révélée concluante, ouvrant la voie à une possible extension de cette culture fine, réputée exigeante mais rentable. Selon elle, les conditions pédoclimatiques locales ont montré une compatibilité encourageante avec le crocus sativus, plante dont les étamines donnent la précieuse épice rouge. Forte de ces résultats, l’association multiplie aujourd’hui les actions de sensibilisation et se dit prête à accompagner les agricultrices souhaitant se lancer.

Elle propose notamment de fournir des bulbes de safran aux femmes disposant de petites surfaces agricoles, mais aussi d’appuyer la création, à terme, d’une coopérative dédiée à la commercialisation du produit. « La culture du safran n’est ni complexe ni coûteuse. Elle nécessite surtout des outils simples, des méthodes traditionnelles et une grande minutie dans les étapes de tri et de séchage», souligne la responsable. Au cours de la rencontre, la dimension formatrice a également été au centre des échanges. Asma Belaskri, enseignante à la faculté des sciences de la nature et de la vie de l’Université d’Oran 1 Ahmed Ben Bella, a insisté sur l’importance d’un accompagnement structuré.

Elle a plaidé pour la mise en place de modules de formation dédiés, non seulement à la culture proprement dite, mais aussi aux techniques de marketing et de e-commerce afin de permettre aux productrices d’accéder directement au marché et de valoriser leur production. Cette démarche sera renforcée par la création d’un réseau d’échange d’expériences pour soutenir les nouvelles productrices et faciliter la diffusion des bonnes pratiques. L’aspect technique n’a pas été en reste. Deux intervenants, le conseiller agricole Rabehi Boubakr et l’enseignante Asma Aoudj du centre de formation professionnelle de Mers El Hadjadj, ont présenté les étapes clés pour réussir une culture de qualité, choix des sols, préparation, plantation, irrigation maîtrisée, récolte, séchage et conservation.

Ils ont également mis en garde contre les défis persistants, notamment la maîtrise du processus de séchage, étape déterminante pour la qualité de l’épice, ainsi que la nécessité de structurer la commercialisation pour éviter la dispersion des efforts et garantir des revenus stables aux productrices. La rencontre, à laquelle ont pris part de nombreuses agricultrices de différentes localités rurales d’Oran, a ainsi permis de réaffirmer le potentiel économique et social du safran. À travers cette filière émergente, les acteurs locaux espèrent non seulement diversifier la production agricole de la région, mais aussi renforcer l’autonomie financière des femmes rurales, devenues, au fil des années, de véritables actrices de l’innovation agricole.

Yacine Redjami

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page