On aura constaté que les walis entreprennent de prendre les décisions qui concernent directement les territoires dont ils ont la charge. Une forme de décentralisation que la pandémie rend justifiable, mais qui peut être considérée comme un test intéressant pour une décentralisation intelligente de la décision.
Au moment où un peu partout en Europe, les mesures de restriction se multiplient avec des confinements à tout va, en Algérie c’est le contraire. En effet, 19 wilayas concernées jusqu’à hier, par les mesures de confinement sanitaire, ont fait l’objet d’un allègement. La principale décision prise, avant hier, par le Premier ministère consiste en un réaménagement des horaires de couvre-feu, désormais fixés de 22 heures au lendemain à 5 heures du matin. Batna, Biskra, Blida, Bouira, Tebessa, Tlemcen, Tizi-Ouzou, Alger, Jijel, Sidi Bel Abbes, Constantine, Mostaganem, M’Sila, Oran, Boumerdes, El Tarf, Tissemsilt, Ain Temouchent et Relizane, sont concernés par cette disposition, dont l’effet immédiat est de permettre aux citoyens de souffler. Il reste, précise un communiqué du Premier ministère, que cet allègement est susceptible de connaître une évolution dans un sens ou dans l’autre, selon la progression des contaminations par la Covid-19. Ce seront les walis qui apprécieront la situation et prendront les décisions nécessaires, après accord des autorités compétentes. Les prérogatives des autorités locales les autorisent à durcir le confinement à domicile jusqu’à le rendre total, lorsque la situation sanitaire l’exige. Ledit confinement devra nécessairement cibler une ou plusieurs communes, localités ou quartiers présentant des clusters.
L’amélioration de la situation épidémiologique ne permet pas que la réduction du temps de confinement partiel. Et pour cause, le communiqué du Premier ministère annonce la «réouverture des salles omnisports et des salles de sport, de même que les lieux de détente, les espaces récréatifs et de loisirs et les plages». Autant de lieux susceptibles d’aérer la vie des Algériens, mais peut aussi paradoxalement les exposer à une remontée du nombre de contaminations. D’où l’extrême vigilance dont il faut faire montre pour ne pas gaspiller un précieux acquis, en attendant la généralisation de la vaccination. La vigilance est de mise, puisqu’à quelques différences près, les observateurs évoquent une sorte de déconfinement, puisque en sus des jardins et des salles de sport, le Premier ministère préconise le prolongement des horaires d’ouverture des commerces jusqu’à 21 heures. Cette limite horaire concerne les commerces des appareils électroménagers, d’articles ménagers et de décoration, de literies et tissus d’ameublement, d’articles de sport, de jeux et de jouets et les lieux de concentration de commerces. De plus, les salons de coiffure pour hommes et femmes, les pâtisseries et confiseries, les cafés, restaurations et fast-food vont s’y conformer, avec cependant l’obligation de limiter les activités uniquement à la vente à emporter, concernant les restaurants, fast-food et cafés.
Cela pour les wilayas concernées par l’allègement. Un autre communiqué rendu public par la wilaya de Jijel, annonce la réouverture des marchés à bétail «dans le strict respect du protocole de prévention contre la propagation du Covid-19, la distanciation physique, et le port du masque entre autres.» Cette autorisation vaut également pour la wilaya de Tebessa, dont le premier responsable a autorisé, par voie de communiqué, la réouverture des marchés à bétail et fixé les horaires et journées des marchés hebdomadaires dans les communes de Tebessa, Chrea, Bir El Ater et Bir Mokkadem. Les autorités locales de Biskra ont fortement insisté sur la mesure d’interdiction, à travers le territoire de la wilaya, de tout type de rassemblement de personnes et de regroupement familial, notamment la célébration de mariages et de circoncision et autres événements tels que les regroupements au niveau des cimetières, en sus des réunions et assemblées générales organisées par certaines institutions.
On aura constaté que les walis entreprennent de prendre les décisions qui concernent directement les territoires dont ils ont la charge. Une forme de décentralisation que la pandémie rend justifiable, mais qui peut être considérée comme un test intéressant pour une décentralisation intelligente de la décision. Ces mêmes walis devront également travailler à rendre leurs wilayas attractives aux investissements productifs. Mais là, c’est une autre histoire.
Anissa Mesdouf