«Le Royaume du Maroc a fait de son territoire national une franchise diplomatique et une tête de pont pour planifier, organiser et soutenir une série d’actions hostiles et caractérisées contre l’Algérie».
Officialisée depuis avant-hier, la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc est largement justifiée par les actes hostiles du Maroc à l’endroit de l’Algérie. Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger, Ramtane Lamamra, en a rappelé les raisons. «En 1976, le Maroc a rompu brutalement les relations diplomatiques avec l’Algérie qui venait, avec quelques autres pays, de reconnaître souverainement la République Arabe Sahraouie Démocratique», a déclaré le ministre. Il a fallu attendre l’année 1988 pour que les deux pays normalisent leurs relations diplomatiques.
«Aujourd’hui, il est évident que le Royaume du Maroc a renié, en totalité ou en partie, de manière grave et répétée, les quatre engagements fondamentaux qui constituent la base essentielle et le socle normatif sur lesquels s’appuie la normalisation des relations entre les deux pays», constate le chef de la diplomatie algérienne. Et pour cause, «le Royaume du Maroc a fait de son territoire national une franchise diplomatique et une tête de pont pour planifier, organiser et soutenir une série d’actions hostiles et caractérisées contre l’Algérie», souligne le ministre.
Il précisera que «les dernières en date concernent les accusations insensées et les menaces à peine voilées proférées par le ministre israélien des Affaires étrangères en visite officielle au Maroc et en présence de son homologue marocain qui a manifestement été l’instigateur de tels propos injustifiables». La gravité de la dérive de Rabat se mesure au fait qu’«il faut bien se rendre compte que jamais depuis 1948 un membre d’un gouvernement israélien n’a été entendu émettre des jugements et proférer des messages contre un pays arabe à partir du territoire d’un autre pays arabe. Cette performance inégalable de l’Etat marocain, contraire à la cohérence de l’Histoire, est révélatrice d’une hostilité extrême et d’une fuite en avant sans discernement ni limites», déplore-t-il.
«Sur le plan de la sécurité régionale, le fait pour les autorités marocaines d’introduire une puissance militaire étrangère dans le champ maghrébin et d’inciter son représentant à tenir des propos fallacieux et malveillants à l’encontre d’un pays voisin constituent un acte grave et irresponsable qui viole les dispositions de l’article 5 du Traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération ainsi que les engagements souscrits au titre du communiqué conjoint du 16 mai 1988», note-t-il.
Et ce n’est fini ! Parmi les actions hostiles du Maroc, Lamamra citera «la collaboration active et documentée du Royaume du Maroc avec deux organisations terroristes dites MAK et RACHAD dont les derniers crimes odieux sont liés à leur implication préméditée dans les incendies qui ont ravagé plusieurs wilayas du pays et dans le supplice et l’assassinat abjects de notre compatriote Djamel Bensmail». A cette longue liste d’actes hostiles, il va falloir ajouter «l’affaire, non moins grave, du scandale Pegasus qui a révélé au grand jour l’espionnage massif et systématique auquel ont été soumis des responsables et des citoyens algériens ciblés par les services de renseignement marocains».
Sur un autre plan, «s’agissant de l’engagement relatif à l’organisation d’un referendum d’autodétermination au Sahara occidental, le Royaume du Maroc l’a renié, alors qu’il a été solennellement pris par le Roi Hassan II et consigné dans les documents officiels de l’OUA et des Nations Unies, et les dirigeants actuels du Royaume nourrissent désormais l’illusion de pouvoir imposer leur diktat à la communauté internationale concernant une prétendue prééminence et exclusivité de leur thèse de l’autonomie», affirme le ministre.
.Il reste que la rupture des relations diplomatiques n’affectera pas la situation des Algériens résidents au Maroc et celle des Marocains présents en Algérie, a assuré Ramtane Lamamra. Selon lui, la rupture des relations diplomatiques signifie «qu’il y a un désaccord profond entre les Etats et ce désaccord profond ne doit pas toucher les deux peuples», a-t-il soutenu, faisant savoir que les consulats des deux cotés vont continuer à faire leur travail».
Par ailleurs, pour le ministre Lamamra, le dernier acte qui scellé la rupture avec le Maroc c’est le silence du royaume du Maroc après la demande de clarification exprimée par le ministère algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, le 16 juillet dernier, concernant «la dérive dangereuse» d’un plénipotentiaire marocain a épuisé toutes les chances et mené à la rupture des relations avec Rabat.
M. Lamamra a souligné aussi que dans ses deux discours, le souverain marocain «n’a pas apporté une réponse claire ou la clarification attendue par toute personne raisonnable, épuisant ainsi toutes les chances sans prononcer les mots qu’il fallait par devoir de responsabilité et de respect, ce qui a donné lieu aujourd’hui à cette décision».
« Tous les Algériens qui attendaient une réponse claire à la question exprimée officiellement par le ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger le 16 juillet concernant les propos d’un plénipotentiaire marocain qui avait invoqué un prétendu +droit à l’autodétermination du peuple kabyle+ et sur le fait de savoir si ces propos l’engageaient personnellement ou engageaient le Royaume en tant que voisin ou Etat ».
Manifestement le Maroc n’avait aucune intention de changer de stratégie et travaillait à tous les niveaux pour porter préjudice à l’Algérie, à sa stabilité et à son unité. La décision prise ce mardi par Alger était donc la moindre des réactions face à une hostilité aussi affichée d’un régime qui n’a pas hésité à s’allier au diable pour porter atteinte à son voisin.
Yahia Bourit