Le modèle algérien de la grande distribution
En ces temps de hausse intempestive des prix de nombreux produits de large consommation, les gouvernants réfléchissent au moyen de réduire l’impact de ces augmentations sur le consommateur final. Soutiens aux producteurs et réductions de certaines taxes sont les armes que déploient les pouvoirs publics. Or, avant d’en arriver là, il y a bien entendu la mission de régulation, censée être attenante aux différentes structures de l’Etat. Le développement de la grande distribution est l’une des voies efficaces pour éviter des épisodes de trop fortes inflation. Il faut savoir à ce propos que la grande distribution fonctionne avec sa propre logique et finira par s’imposer à l’ensemble des acteurs sociaux. Ces derniers n’auront d’autres choix que celui d’assumer leur nouveau statut au « sommet de la chaîne alimentaire » et tout autour, tourne une méga industrie qui emploie des centaines de milliers de travailleurs. Les patrons s’engageront, à n’en pas douter, dans une course perpétuelle à qui offrira le meilleur produit aux meilleurs prix aux consommateurs que nous sommes.
Ainsi présenté, on ne trouverait que des aspects positifs à « la machine alimentaire ». Ce tableau est plutôt positif, voire flatteur pour tout citoyen, puisqu’il lui donne l’opportunité de participer à la création d’emplois et le propulse « roi », étant au centre de cette industrie, actuellement naissante en Algérie. Mais ces aspects, certes bénéfiques, ne sont que la partie apparente de l’Iceberg. En Europe et ailleurs, où la grande distribution s’est considérablement développée, l’on a eu le loisir de constater les dégâts causés au métier de base de cette industrie, qu’est l’agriculture. La recherche du profit à tout prix a conduit à des situations que l’on ne voudrait pas voir cheznous.
Nous faisons nos premiers pas dans ce domaine, il s’agit de profiter de l’expérience des autres pour en éviter les effets négatifs. Stimuler la concurrence au grand bénéfice des consommateurs est une excellente chose pour l’économie nationale, mais il ne faudrait pas que cette concurrence se fasse sur le dos des agriculteurs et des petits commerçants.
Le défi n’est certes pas facile à relever, mais les Algériens ne doivent pas se sentir condamnés à subir les conséquences d’une entrée brutale dans le monde de la grande distribution. Un débat entre professionnels, société civile et experts en la matière devrait s’engager au plus vite pour construire le « modèle algérien » de la grande distribution.
Par Nabil.G