L’impact économique et social de certains grands projets
Le projet de réalisation de la nouvelle pénétrante reliant le port d’Oran à l’autoroute Est-Ouest enregistre un taux d’avancement des travaux de 90%. Après avoir déjà consommé près de 55 milliards de dinars, une autre enveloppe de 14 milliards de dinars vient d’être affectée, en appoint, au projet «Pour qu’il soit, précise-t-on, relancé et livré dans les meilleurs délais, soit au plus tard au mois de février de l’année prochaine ».
La semaine dernière, lors d’une visite du chantier, le wali en poste ne pouvait à son tour qu’insister sur l’amélioration de la cadence des travaux de sur le respect des délais de livraison. Février 2022 sera ainsi la quatrième date de réception annoncée et à chaque fois reportée depuis le lancement des travaux de ce projet. On se souvient que lors d’une visite effectuée à Oran en Mai 2016, un ancien ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, avait annoncé avec certitude que «ce projet sera livré dans les délais prévus, soit mai 2017».
C’était évidemment sans compter sur les carences, les failles et les dysfonctionnements d’un système de gouvernance gangrené par la bureaucratie, le laxisme et l’incompétence. Ce projet de nouvelle pénétrante au port d’Oran, initié en 2009, il y a donc une décennie, a connu pas moins de six walis qui ont défilé à son chevet. Avec le succès, en 2015, de la candidature d’Oran à l’organisation des JM 2021, ce grand projet, comme bien d’autres, a été lui aussi inscrit au registre des grands préparatifs de la ville à l’accueil de l’événement sportif international. Mais rares sont les anciens décideurs qui se sont véritablement inquiétés des lenteurs et des lourdeurs bureaucratiques pouvant pénaliser le calendrier des réalisations.
Par ailleurs, dès l’annonce du projet, bon nombre de spécialistes avisés avaient souligné le fait que les «stratégies de développement» mises en oeuvre ne reposent le plus souvent que sur l’urgence de lancer des études techniques permettant de justifier la consommation des crédits accordés, au détriment d’une sérieuse réflexion sur les véritables besoins économiques et sociaux et les vraies perspectives de progrès et de modernité. On sait, par exemple, qu’il existe un vieux projet, datant des années 50, qui proposait la création d’un nouveau port commercial du côté de Mers El Hadjaj et la «restitution «de l’enceinte portuaire actuelle du centre ville à la vie urbaine collective.
Beaucoup à Oran s’interrogent encore sur l’impact et l’utilité économique et sociale de certaines réalisations, telles que le téléphérique en panne éternelle, le «complexe culturel» de Haï Sabah inachevé depuis plus de dix ans, voire même le tramway dans sa configuration actuelle. D’autres se demandent sur « quels critères urbains, scientifiquement établis a-t-on choisi les sites d’implantation de tel ou tel édifice ». A l’image du musée du Moudjahid, du siège de la Sonatrach Naftal, du siège de la daïra, initialement prévue pour l’APW, de la gare routière d’El Bahia, ou de la Grande mosquée coincée en face d’un rond point saturé par la circulation routière… Mais c’est là un autre débat.
Par S.Benali