Le «peuple revendique le changement qui est à portée à travers les élections», a indiqué le chef de l’Etat qui s’est engagé à protéger la voix du citoyen.
S’adressant aux Algériens par le biais d’un entretien qu’il a accordé à la presse nationale, le président de la République n’a éludé aucun sujet d’actualité. Comme à son habitude et avec le style qu’on lui connaît désormais, il a tantôt mis les points sur les « i », tantôt rassuré les Algériens sur les intentions de l’exécutif sur nombre de sujets. Et parmi les dossiers abordés, Abdelmadjid Tebboune a lourdement insisté sur le programme de réforme qu’il a lancé, dès son investiture à la tête du pays. Il retiendra à ce propos que 2022 sera «l’année des réformes structurelles pour la réédification de l’Etat algérien moderne». Soulignant son implication directe dans le suivi des engagements pris, le Président Tebboune a affirmé que sa démarche repose sur sa parfaite connaissance «des dessous de l’Etat».
Parmi les réformes institutionnelles initiées par le président de la République figure le renouvellement des institutions de l’Etat dans le cadre duquel a été installée la Cour constitutionnelle, censée, a-t-il soutenu, «rassurer le peuple». Lequel processus sera abouti par les élections locales. Le «peuple revendique le changement qui est à portée à travers les élections», a indiqué le chef de l’Etat qui s’est engagé à protéger la voix du citoyen. Il a rappelé, à ce propos, l’existence d’un contrôle en amont et en aval pour prévenir toute tentative de fraude électorale. Après les élections des Assemblées populaires communales et de wilayas, «nous lancerons des réformes à caractère économique et social, en sus de la reconstruction des bases sociales et économiques de l’Etat afin de mettre en place un Etat moderne», a-t-il insisté. Dans la foulée, il est prévu l’ouverture début 2022 des ateliers pour «la révision des codes communal et de la wilaya afin de conférer davantage de prérogatives aux élus locaux et les doter d’outils leur permettant d’honorer leurs engagements devant les citoyens qui les ont choisis pour la gestion de leurs affaires».
La réforme de la politique d’aide sociale figure parmi les grandes réformes devant se concrétiser l’années prochaine, dira le président de la République qui a assuré que cette réforme passera par «un débat national élargi» associant les syndicats, et que la «levée des subventions sociales concernera seulement un tiers des citoyens parmi ceux ayant des revenus très élevés». Et de faire remarquer que cette réforme nécessite un certain niveau de numérisation et des statistiques précises, soulignant que la revalorisation des salaires à travers l’augmentation du point indiciaire «est une démarche juste ayant pour objectif d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens».
L’une des réformes phare sera manifestement l’instauration de l’allocation chômage. Sur le sujet, le Président Tebboune a annoncé un montant proche du Salaire national minimum garanti (SNMG). Cette allocation sera assurée au chômeur jusqu’à obtention d’un poste de travail.
Toutes les réformes et les actions de l’exécutif à tous les niveaux de responsabilité seront suivies et contrôlées par une instance qui verra le jour, révèle le chef de l’Etat. On apprendra, dans ce sens, l’institution d’une «inspection générale» auprès de la présidence de la République. Sa principale mission consistera à «contrôler l’activité des responsables». Insistant sur le rôle essentiel du contrôle de toutes les décisions prises au plus haut sommet de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que les limogeages qui ont touché plusieurs ministres et walis ont pour origine des manquements aux obligations de ces hauts commis de l’Etat.
Au plan économique, le Président a précisé la vision de l’Etat sur la politique d’investissement en Algérie. Celle-ci prendra en considération l’intérêt et les besoins du pays. M.Tebboune est formel à ce propos, puisqu’il affirme prioriser les investisseurs locaux.
Au plan des relations de l’Algérie avec les pays étrangers, le président de la République a confirmé l’intention de l’Algérie de réviser l’accord d’association avec l’Union européenne, de façon à conforter l’économie nationale et renforcer sa production et ses exportations.
Concernant la crise des relations algéro-françaises, l’Algérie exige des rapports d’égal à égal qui ne relève aucunement d’une logique de «provocation, mais plutôt un garant de la souveraineté d’un pays, arrachée au prix de 5.630.000 de martyrs tombés au champs d’honneur entre 1830 et 1962». Et d’ajouter : «Nos relations sont d’abord méditerranéennes, maghrébines et arabes. Nous entretenons de bonnes relations avec l’ensemble des pays musulmans, hormis ceux qui nous sont hostiles. L’Algérie n’a de haine pour aucun pays».
Sur le sujet de la diplomatie, le Président Tebboune a mis en évidence les efforts déployés à tous les niveaux, non sans critiquer au passage le traitement médiatique occidentale de l’actualité algérienne qui n’aborde jamais «les expériences réussies de l’Algérie dans nombre de domaines et braquent les projecteurs sur les points négatifs seulement».
Au terme de cette rencontre périodique avec les médias nationaux, le Président Tebboune a déclaré qu’il était triste qu’un ministre de l’entité sioniste menace un pays arabe (l’Algérie) à partir d’un autre pays arabe (le Maroc), qualifiant cet acte d’ «infâme et déshonorant».
Anissa Mesdouf