A méditer
« Qu’il fait bon vivre en Algérie !». Cette phrase n’a pas été prononcée par un homme fortuné qui a ses habitudes entre Club des Pins et Sidi Yahia. Non plus par un diplomate, dont c’est le métier de caresser dans le sens du poil entre deux sorties sur le terrain. Il est vrai que ces deux catégories de personnes disent souvent ce genre de choses. Le premier parce qu’il fait de bonnes affaires, sans trop se casser la tête et le second parce que c’est une manière comme une autre de mettre ses interlocuteurs dans un état de réceptivité.
Il faut dire que lorsqu’ on entend ce genre d’affirmation, il ne vient pas à l’idée qu’elle puisse émaner d’un Algérien moyen, en ces temps d’inflation, de sécheresse et de tension sur certains produits de large consommation. Et pour cause, un petit tour dans n’importe quel marché du pays, refroidit les ardeurs. Il est entendu qu’en cette première semaine de jeûne, le citoyen ne trouve généralement pas matière à satisfaction, en ce sens qu’il accuse le coup de l’inflation, sans vraiment profiter des balades nocturnes en famille qui ne débuteront traditionnellement qu’à la deuxième semaine du Ramadhan.
De toute façon, inflation ou pas, l’Algérien est très critique envers son pays. Ce n’est pas un défaut en soi. C’est même une qualité lorsque l’insatisfaction permet d’avancer. Il est, pour ainsi dire, très rare qu’un citoyen de nationalité algérienne puisse dire en cette période précise de l’année : « Qu’il fait bon vivre en Algérie !». Mais cette personne qui existe bel et bien n’est, on l’aura deviné, pas Algérienne. Il s’agit d’ un Américain qui a fait le tour du monde. Dans ses pérégrinations, le voyageur est entré en Algérie, dans la période du Ramadhan. Il s’est mêlé à la foule, il a vu des marchés bondés de consommateurs, il a assisté à des disputes « mémorables » et o ! combien amusantes… Bref, il a vu les Algériens de l’intérieur dans leur quasi quotidienneté. Depuis ce séjour là, il a pris une résolution, celle de tout faire pour ne pas rater le Ramadhan à l’algérienne. Il dit que le peuple algérien dégage une générosité et un art de vivre authentique qu’il n’a vu nulle part ailleurs. Et pour cause, il a vécu les railleries de la journée et les grosses rigolades des veillées jusqu’au petit matin en week-end. Il en a conclu qu’en cette période de l’année de l’Hégire, notre pays est parmi les meilleurs au monde. Ce témoignage est authentique. Il nous a confié en riant que lors de ses passages à Alger, il prend le bus comme tout le monde. Il lui arrive de pester contre les coupures d’eau, l’insalubrité de certains lieux, mais il dit avoir adoré le grand pays des Algériens. A méditer…
Par Nabil.G