Oran entre «réhabilitation, développement et modernisation urbaine» : un triptyque, défi du wali d’Oran
Oran, ville portuaire de la mer Méditerranée, principal centre financier, commercial et industriel, située dans le nord-ouest de l’Algérie, et chef-lieu de la wilaya du même nom, est-elle prédisposée à devenir une ville moderne et internationale ? Ou bien, se suffira-t-elle tout juste d’un développement urbain ?
Il s’agit là d’une équation à deux paramètres, auxquels s’ajoute obligatoirement, un troisième, à savoir celui de la réhabilitation, à lui seul, un chantier titanesque pour cause de longues années d’errance et de laxisme hérités d’une gouvernance passée chaotique, comme constaté par le wali d’Oran, Chibani Samir lors de sa sortie de travail à travers les différents chantiers laissés en hibernation depuis de longues décennies, dont une bonne partie a failli finir en vestiges.
Le glas sur ces chantiers délaissés, à l’instar de «l’ex-hôtel Châteauneuf», l’ancien hôpital «Baudens», la Mosquée du Pacha, le Palais du Bey, ou de la piscine « Bastrana », pour ne citer que ces cas précis, avait été sonné par le prédécesseur de l’actuel wali, mais également, plusieurs décennies auparavant, par la société civile et les experts du patrimoine cultuel et culturel d’Oran, sans succès. Dans sa quête de prospection, le wali a dû se rendre compte de facto, de l’ampleur des dégâts mais surtout de la tâche.
De par son statut de deuxième ville d’Algérie par sa population et l’une des plus importantes villes du Maghreb, la capitale de l’Ouest algérien, est vouée à s’internationaliser, estiment observateurs et experts. Une fonction qui sied à son statut de métropole économique dotée qu’elle est, d’infrastructures de premier plan, aéroport, port, voies de communication terrestres, ferroviaires et maritimes, un tissu hôtelier, pôles universitaires, zones industrielles, etc. La Chine compte 40 villes qui ont pour but de devenir des villes internationales. Aux USA, seules, 06 villes sont considérées comme étant internationales. Comme quoi, l’une des plus belles villes du Bassin méditerranéen, ne manque pas d’atouts pour un peu plus de prétention et d’ambition. Dès le 10ème siècle, Oran était clairement identifiée comme une ville.
La stratégie consiste aujourd’hui à combiner trois oeuvres en une seule qu’est, en l’occurrence, le triptyque « réhabilitation, développement et modernisation ». La force de l’art du triptyque réside justement dans sa capacité à fonctionner comme une pièce cohérente, ainsi que comme trois oeuvres d’art distinctes.
Selon le Pr Guanting Chen, expert en modélisation stochastique et de l’optimisation en matière de développement durable et de finance, la modernisation ou l’internationalisation urbaine d’une ville tient dans une modernisation de sa force de production, son économie, de sa gestion et de sa civilisation.
Concernant le développement urbain, qui se traduit par une tendance à la concentration de la population dans les villes, il s’agit d’identifier les priorités dans les régions en retard, de relier les espaces urbains et ruraux et de combler les inégalités territoriales dans les villes, avec l’objectif d’accélérer la croissance économique et de rapprocher les habitants des gisements d’emplois de meilleure qualité.
Le développement urbain suggère le développement des autres zones urbaines en tant que moteurs du développement économique et social. Enfin, la réhabilitation urbaine ou conurbation, concerne le cadre environnemental des logements et des monuments. On peut parler de réhabilitation thermique pour l’habitat ancien, de réhabilitation environnementale pour des friches polluées, de réhabilitation de quartiers.
La cohérence, étant désormais le fluide qui va huiler la mécanique pour faire fonctionner ce triptyque, la nécessité d’intensifier les efforts de coordination et des choix d’investissement intelligents s’impose. De l’avis de nombre d’observateurs locaux, la dynamique est enclenchée, reconnaissant en le chef de l’exécutif, la qualité de bâtisseur.
Karim Bennacef