L’entretien téléphonique entre les Présidents Tebboune et Macron a une grande portée politique au sens où il exprime le soutien clair des premiers responsables de l’Algérie et de la France à leurs gouvernements respectifs pour relancer le partenariat et donner un prolongement sur le terrain de la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé.
Accompagnée d’une quinzaine de ministres, la Première ministre française, Elisabeth Borne, est arrivée hier en début d’après-midi à Alger. Un déplacement censé donner une sérieuse impulsion à la réconciliation amorcée en août par les présidents des deux pays. Cette réconciliation a été matérialisée le jour-même dans la matinée, à travers une communication téléphonique entre les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Cet acte inédit à la veille d’une réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau, renseigne sur la volonté des deux chefs d’Etats d’accorder une importance particulière à ce premier pas concret de rapprochement entre les deux pays. Les deux hommes ont d’ailleurs «passé en revue les relations bilatérales et exprimé leur satisfaction pour l’évolution positive et le niveau xxxx», rapporte la Présidence de la République dans un communiqué rendu public. Il convient de préciser que les deux présidents ont évoqué «la réunion importante de la 5e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français qui se tient à Alger, ainsi que les développements de la situation dans la région», conclut la même source. Cet entretien téléphonique a une grande portée politique au sens où il exprime le soutien clair des premiers responsables de l’Algérie et de la France à leurs gouvernements respectifs pour relancer le partenariat et donner un prolongement sur le terrain de la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé, signée par les deux présidents, fin août à Alger, lors de la visite d’amitié du président Emmanuel Macron en Algérie.
Cette Déclaration sera au cœur des discussions entre les deux équipes gouvernementales dirigées par Aïmene Benabderrahmane et Elizabeth Borne. Accueillie à sa descente d’avion par le Premier ministre. Mme Borne entamera sa visite par des gestes mémoriels à l’instar du président Emmanuel Macron lors de sa visite fin août qui, après des mois de tensions, a permis de réchauffer les relations entre les deux pays. Elle déposera une gerbe au Monument des Martyrs, haut lieu de la mémoire algérienne de la guerre d’indépendance (1954-1962) face à la France, ainsi qu’au cimetière Saint-Eugène à Alger, où reposent nombre de Français nés en Algérie. Le point le plus important de cette visite précédera ces déplacements symboliques et consiste en la tenue du 5e Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), dont la dernière édition remonte à 2017.
Le CIHN doit se conclure par la signature «d’accords», qui ne seront pas forcément des contrats d’entreprises et porteront sur la formation, la transition énergétique, la coopération économique, la jeunesse et l’éducation, ainsi que le régalien. Il s’agit pour Paris de donner une «impulsion nouvelle» à la relation franco-algérienne «vers des projets concrets». Parmi les questions qui font débat entre Alger et Paris, il y a bien entendu celle du gaz. Mais Mme Borne précisera, dans un entretien à la presse , qu’elle «n’est pas à l’ordre du jour».
Au plan de la coopération économique effective, Elisabeth Borne n’a emmené avec elle qu’un seul grand groupe, Sanofi, qui a un projet d’usine à insuline, et quatre PME : Générale Énergie, qui envisage la construction d’une usine de recyclage et transformation de noyaux d’olives; Infinite Orbits, qui a un projet de premier microsatellite algérien; Neo-Eco, qui travaille sur le traitement des déchets comme l’amiante, et Avril, spécialisée dans la transformation de céréales.
De son côté Business France, structure publique chargée des investissements internationaux, emmène plusieurs dizaines d’entreprises venues pour le Forum des affaires franco-algérien, qui sera inauguré lundi par les deux Premiers ministres. Autre axe de la visite, la jeunesse, que Mme Borne rencontrera lundi au lycée français puis à l’ambassade, avec des représentants de la société civile algérienne.
Yahia Bourit