Il va de soi que dans la démarche du gouvernement, l’objectif stratégique est d’aboutir à une industrie mécanique dans tous les sens du terme. La phase importation massive ne devrait pas durer plus de cinq ans.
L’industrie automobile a franchi, hier, un nouveau cap. En effet, il faut savoir que le ministère de l’Industrie a lancé l’opération de réception en ligne des demandes d’agrément pour exercer les activités de concessionnaire et de construction de véhicules via sa plate-forme numérique. Par cet acte, les pouvoirs publics rendent, désormais possible, la phase dépôt des candidatures pour bénéficier d’un agrément destiné à leur permettre d’importer ou de fabriquer des automobiles localement. Cette démarche, attendue tant par les professionnels que par les consommateurs vient «en application des dispositions des décrets exécutifs n 22-383 et 22-384 du 17 novembre 2022 fixant les conditions de l’activité de concessionnaire de véhicules neufs et l’activité de construction de véhicules», indique un communiqué du ministère de l’Industrie rendue public, hier. L’on apprend de même source «la nomination des membres des commissions en charge de l’examen et du suivi des dossiers relatifs à l’exercice de l’activité de concessionnaire de véhicules neufs et l’activité de construction de véhicules». Ces deux activités seront donc exercées séparément et l’obtention de l’agrément est soumis à une étude de la part des commissions techniques, et c’est dans ce cadre que «le ministère a invité les opérateurs économiques désirant exercer les activités de concessionnaire et de construction de véhicules à s’inscrire sur la plateforme lancée ce lundi (https://dispositifs.industrie.gov.dz) pour déposer leurs demandes», souligne le communiqué du ministère de l’Industrie.
Il y a quelques jours un cadre du même ministère avait annoncé que pas moins de 120 opérateurs, entre concessionnaires et constructeurs, étaient intéressés par le marché national de l’automobile. Il va de soi que dans la démarche du gouvernement, l’objectif stratégique est d’aboutir à une industrie mécanique dans tous les sens du terme. La phase importation massive ne devrait pas durer plus de cinq ans, le temps que la production nationale d’automobiles intégrée à 30 % soit pleinement opérationnelle. En attendant, les concessionnaires n’auront droit de représentation que d’une seul marque d’automobile. Des conditions strictes de sécurité et de réseaux après-ventes leurs sont imposées au regard du cahier des charges les concernant.
Quant aux producteurs, ils bénéficieront d’allègement fiscaux et autres avantages prévus dans le code des investissements. Ils sont néanmoins soumis à l’obligation d’intégration de pièces fabriquées localement de manière graduelle pour parvenir à 30% dans un délai de cinq ans. L’autre obligation faite aux constructeurs consiste en l’exportation d’une partie de leur production locale.
L’Algérie qui dispose déjà d’une industrie sidérurgique performante et investit déjà dans la pétrochimie pour produire du plastique est dans une posture très favorable en matière d’avantages comparatifs sur les prix de ces produits nécessaires à la construction automobile. Sachant cela, le cahier des charge instruit le constructeur à «construire des véhicules à partir de carrosseries fabriquées localement, à l’issue de la troisième année de la date de l’obtention de l’agrément », et «d’inclure dans sa gamme de véhicules produits localement, au moins, un modèle de véhicule utilitaire léger».
Le constructeur est également obligé «de ne pas produire des véhicules de tourisme équipés de moteur diesel » et «d’inclure dans sa gamme, au moins, un modèle de véhicule électrique, à partir de la 5ème année de la date d’obtention de l’agrément ». Il doit aussi «mobiliser ses soustraitants et ses équipementiers étrangers à s’implanter en Algérie pour la réalisation des investissements de production d’ensembles, sous-ensembles et accessoires de véhicules.»
Yahia Bourit