« Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, doivent être traités avec respect, dignité et décence ». Apparemment, il est peu fait cas de ce précepte de morale au cimetière « Sidi Bouameur » de Bousfer.
Destiné à accueillir les morts des deux communes limitrophes, Aïn El Türck et Bousfer, ce cimetière relevant de cette dernière municipalité, se trouve en état de semi abandon. Vraisemblablement délaissé, faute d’une gestion rigoureuse, la dégradation, tant physique qu’administrative, y a gagné du terrain.
Un émigré, trentenaire, était submergé par la douleur parce qu’il n’arrivait pas, en deux jours de recherche, à trouver la tombe de sa grand-mère, décédée, il y a deux ans. Sa détresse était déchirante. Il n’y avait surtout personne qui puisse le renseigner sur son emplacement. Ni un bureau d’orientation.
L’ordre chronologique des enterrements s’est anarchisé, les alignements sont désormais dévoyés, la mauvaise herbe a envahi le site, des monuments funéraires se sont affaissés faute d’entretien, des débris et des restes de bouteilles en plastiques cernent les stèles.
La seule voie mécanique qui conduit au bout du cimetière est trop exigüe pour permettre le passage de deux véhicules en sens opposé et s’avère être contraignante en cas de malaise chez un individu et parfois source de conflits. Le dégagement d’une seconde voie serait recommandé.
Des familles, minées par le chagrin et qui viennent souvent chérir le souvenir d’un défunt, déplorent la situation ubuesque qui y prévaut.
Qu’est ce qui interdit une petite organisation pour une meilleure gestion des lieux funéraires ? L’habitation sise à l’intérieure même du cimetière qui servait de gite pour l’ancien auxiliaire qui s’occupait des lieux, aujourd’hui décédé, démolie sur décision de la daïra d’Aïn El Türck, aurait pu être aménagée pour l’accueil d’un bureau d’orientation et de gestion des lieux, en y déléguant un ou plusieurs agents de l’APC ou des jeunes chômeurs parmi ceux rétribués par l’ANEM, qui pour l’entretien des lieux, qui pour le recensement et l’élaboration d’un registre des personnes décédées, afin de faciliter aux familles et aux proches, la recherche des tombeaux, la création d’un espace sanitaire et autres commodités, tels que des espaces plus appropriés de vente de plantes pour enjoliver les tombes, même si cela ne vas restituer à la vie, les morts mais au moins, permettre aux familles de sentir moins péniblement, la douleur de la séparation.
Un seul fossoyeur attitré est employé par l’APC de Bousfer, alors que des dizaines de jeunes chômeurs croisent les doigts à longueur de journée, et pourraient en faire un métier.
D’autant plus que ce cimetière, situé en contrebas de la montagne qui surplombe la baie de la daïra d’Aïn El Türck, est devenu vulnérable à cause des crues, ce qui endommage souvent les tombes.
L’ouvrage est destiné à perpétuer le souvenir et à matérialiser l’emplacement d’une sépulture, sans plus. Et c’est le moins que puissent réclamer les familles à leurs responsables locaux.
Karim Bennacer