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Mostaganem:
Cassaigne, le camp de la mort

C’est le titre d’un film documentaire mémoriel de 52 minutes, œuvre du cinéaste Mostéfa Abderrahmane, qui a été projeté dans sa version arabe à la salle de cinéma « Cheikh Hamada », à l’initiative des responsables de la direction de wilaya de la culture dans l’après midi de mercredi dernier, dans le cadre de la commémoration des manifestations populaires du 11 décembre 1960.

Le directeur de la culture, la directrice des moudjahidines, le réalisateur dudit documentaire et son assistant Ben Cheikh, la présidente de l’association de la préservation de la mémoire, le responsable du département de la communication et des sciences de l’information de l’université de Mostaganem, des professeurs et des intellectuels ainsi qu’un groupe de doyens scouts ont constitué l’assistance qui a suivi la projection dans une atmosphère de grande émotion. En effet, pendant la projection, les images montrant l’intérieur du redoutable ex-camp de concentration de Sidi Ali (Cassaigne) où des mannequins représentant des patriotes des deux sexes subissant des supplices par des tortionnaires français, gémissant dont des appareils technologiques reflètent les sons, touchaient grandement les spectateurs dont certains avaient les larmes aux yeux.
Ce camp de la mort a été transformé en musée, créé par les forces coloniales en 1956 pour tenter de briser la logistique des moudjahidines. 45000 patriotes ont transité par ce camp. Quelque 5000 d’entre eux ont été tués par les soldats français, certains à la suite de terribles séances de tortures. Quelque 700 patriotes ont été jetés parfois agonisant dans un puits situé dans le camp. D’autres lieux de tortures éparpillés à travers le pays ont été montrés dans le commentaire, de même que des photos d’archives montrant de grands espaces entourés de grillages, où étaient parqués des centaines de milliers d’Algériens durant la guerre de libération nationale. Des témoignages ont été fournis par des vieux et de vieilles femmes sur les lamentables conditions (séances de tortures, sévices, blâmes) qu’ils ont vécues dans le camp de la mort de Cassaigne (Sidi Ali).
Le commentaire fait en arabe accentuait l’émotion. Des groupes de visiteurs dont des jeunes émigrés sont montrés dans le commentaire, déclarant n’avoir jamais cru que la France a fait cela en Algérie, si nous n’avions pas visité cet ex camp de concentration. A l’issue de la projection, un riche débat s’en est suivi. Le cinéaste Mostefa Abderrahmane, très ému a déclaré « c’est grâce à des amis qui m’ont soutenu moralement, et à la collaboration des anciens(es) prisonniers du camp de la mort de Cassaigne que j’ai pu faire ce document, sans aucune aide de l’Etat.»
Les intervenants ont tous déploré «le peu de souci qu’accordaient les responsables qui se sont succédé depuis 1962, à la mémoire. Actuellement, il semble que, depuis l’arrivée à la tête de l’État du président de la République Abdelmadjid Tebboune, la question mémorielle est amorcée et aura sans nul doute la place qui lui sied». Des intervenants ont préconisé la confection de livres, revues, films retraçant notre mémoire. Un enseignement adéquat doit être inscrit dans les programmes scolaires pour mieux éclairer le chemin des générations futures. Rappelons que Mostefa Abderrahmane a, avec de petits moyens, mais animé d’une forte volonté militante, réussi à faire de longs commentaires, à savoir entre autres : « les cuves à vin » « tortures sous l’eau, barrage Beni Bahdel ».
Prochainement, il projettera en public son dernier film documentaire « Ciel, soleil, tortionnaires » qui met en exergue des formes de tortures abominables. Le patriote algérien est déshabillé, portant des petites balafres sur tout le corps, puis exposé sur le sable au soleil, et un essaim de mouches est lâché sur lui pour le sucer jusqu’à ce que mort s’en suive. Ce genre de torture, œuvre de soldats français se passait à Ain sefra, dans le sud algérien. Mostefa Abderrahmane a présenté ses films dans plusieurs villes en Algérie, et même en France.
Charef.N

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