A la une

Conseil de sécurité : l’Algérie plaide à New York pour garantir l’égalité des chances entre les Etats dans l’accès aux technologies de l’IA

Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, a insisté, mercredi soir à New York, sur l’impératif de garantir l’égalité de chances entre les Etats pour l’accès aux technologies de l’intelligence artificielle (IA), afin de réduire le fossé numérique et du développement entre le Nord et le Sud, estimant que la Convention des Nations unies contre la cybercriminalité, dont l’Algérie a conduit le processus de négociations, «peut constituer une base juridique pour renforcer la souveraineté des Etats sur leurs données et les protéger contre les cyberattaques».

M. Attaf a précisé, dans son allocution lors du débat de haut niveau du Conseil de sécurité sur l’impact de l’intelligence artificielle sur la paix et la sécurité internationales, organisé en marge des travaux de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies, que «l’intelligence artificielle n’est plus seulement un outil technique, mais elle est devenue aussi un facteur géostratégique déterminant dans le processus de redéfinition des rapports de force sur la scène internationale».
De même, «(l’intelligence artificielle) qui n’est plus un simple projet prometteur pour l’humanité, pose désormais de nombreux défis juridiques, éthiques et voire même sécuritaires touchant à la souveraineté des Etats et à la cohésion de leurs sociétés», sans compter qu’elle «est devenue une arme à double tranchant dans le domaine de la paix et la sécurité : une arme constructive qui contribue au renforcement des capacités et à la promotion du développement durable, et une arme destructrice, lorsqu’elle est utilisée à mauvais escient pour déstabiliser, compromettre la paix et menacer la sécurité collective», a-t-il ajouté.
Dans cette optique, le ministre d’Etat a conditionné la réussite du dialogue mondial sur la gouvernance de l’intelligence artificielle (IA) et la réalisation des nobles objectifs escomptés par la prise en charge de trois préoccupations, dont la première est «une préoccupation de souveraineté étroitement liée à la nécessité de se conformer aux principes de la Charte des Nations unies, en vue de préserver la souveraineté des Etats et leur intégrité territoriale».
«Nous croyons que la Convention des Nations unies contre la cybercriminalité, dont mon pays a conduit le processus de négociations, peut constituer une base juridique pour renforcer la souveraineté des Etats sur leurs données et les protéger contre les cyberattaques», a-t-il affirmé dans ce sillage.
Il s’agit aussi, ajoute-t-il, de «la préoccupation sécuritaire qui implique la mise en place de règles claires encadrant l’utilisation de l’IA dans les domaines militaires et sécuritaires, afin de limiter la nouvelle course à l’armement qui n’obéit à aucune règle, et afin de laisser les armes innovantes hors de la portée des forces armées non-gouvernementales, ainsi que pour soumettre la décision d’employer la force létale à l’appréciation humaine dans toute innovation basée sur les techniques de l’IA».
La 3e et dernière préoccupation, selon le ministre d’Etat, «est celle du développement par excellence, relative à l’impératif de garantir l’égalité des chances entre les Etats dans l’accès aux techniques de l’IA, en vue de réduire le fossé numérique et du développement entre le Nord et le Sud».
Dans cette optique, M. Attaf a affirmé que «les pays en développement font face à des défis redoutables pour rejoindre la marche de la révolution numérique actuelle.
Quand il s’agit de notre continent, ces défis se manifestent à travers trois principales données, dont la première est que «le taux de couverture du réseau internet dans le continent demeure en deçà du niveau requis, car ne dépassant pas 38%, alors que la moyenne universelle est supérieure à 68%».
La deuxième donnée, poursuit-il, réside dans le fait que le nombre de pays ayant atteint le niveau d’organisation requis dans le domaine des technologies de l’information est inférieur à 10 sur un total de 55 Etats membres de l’Union africaine, une situation qui «reflète la fragilité des cadres législatifs et réglementaires dans la majorité des pays africains».
La troisième et dernière donnée est liée, quant à elle, «au fait que le continent africain, qui regroupe 18 % de la population mondiale, ne dispose que de 1 % des capacités mondiales de stockage et de traitement de données», ce qui pose un sérieux défi de souveraineté numérique en Afrique, a souligné M. Attaf.
Cependant, ces défis «ne constituent pas des obstacles insurmontables, mais plutôt des lacunes qui peuvent être corrigées et transformées, par un travail sérieux, en de véritables opportunités permettant de rattraper le retard accusé par notre continent dans ce domaine», a-t-il indiqué, insistant sur la priorité pour l’Afrique de s’orienter «vers le renforcement de l’investissement dans l’infrastructure numérique, la promotion des compétences et le développement de législations et de systèmes relatifs à la gouvernance électronique».
Après avoir rappelé que l’Algérie poursuit la mise en œuvre de sa stratégie nationale de transformation numérique, le ministre d’Etat a réaffirmé «son engagement ferme à contribuer, un tant soit peu, à relever les défis auxquels est confronté notre continent africain dans ce domaine».
A ce propos, M. Attaf a souligné que le continent africain «est pleinement conscient de l’ampleur des défis et des enjeux liés aux révolutions technologiques et numériques que connait le monde aujourd’hui, et ne ménage aucun effort pour ne pas rester en marge de ces mutations, ni de les manquer, comme ce fut le cas par le passé, pour les précédentes révolutions industrielle et de l’information, du fait des séquelles et des résidus du colonialisme».
L’Afrique s’emploie, «en toute responsabilité, à bâtir des partenariats internationaux efficaces et bénéfiques, de nature à lui permettre de rejoindre la marche des révolutions actuelles, et de contribuer à l’élaboration de leurs contenus et de ceux de sa gouvernance», a estimé M. Attaf.
Le ministre d’Etat a conclu son intervention en déclarant: «Cependant, l’Afrique refuse catégoriquement toute tentative de la transformer en champ d’expérimentation pour le développement et l’essai de ces technologies, notamment dans les domaines sécuritaire et militaire, de même qu’elle est résolument déterminée à éviter la répétition des tragédies du passé et de leurs conséquences amères qui lui ont tant coûté».

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page