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Elle coûtera plus de 6,4 milliards de dinars:
Début de la plus vaste campagne de dévasement des barrages

La mobilisation de ce matériel lourd a une conséquence financière directe. Le coût de la vase à extraire est estimé de 160 à 170 DA par 1 m3. Le coût de la campagne s’élève à plus de 6,4 milliards de dinars.

Confronté à une gravissime cirse de l’eau, l’Algérie se voit dans l’obligation de racler les fonds de ses barrages. Cette perspective coûteuse et radicale est rendue nécessaire pour répondre un tant soi peu à une situation de sécheresse qui a mis à sec tous les robinets des foyers algériens. L’urgence est ainsi signalée et c’est l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) qui a été missionnée par le ministère des Ressources en eau pour lancer la plus vaste campagne de dévasement des barrages de l’histoire du pays. Pas moins de 9 barrages sont concerné par la méga opération, pour en extraire une quantité totale de 38 millions de m3 de vase. Selon un rapport portant sur «l’évolution de la bathymétrie et qualification de la vase entreposées dans les retenues» produit par l’ANBT, cette opération a été inscrite dans le cadre de la quatrième campagne nationale de dévasement prévue sur la période 2019-2024. Il reste que la conjoncture met un surplus de pression sur les agents de l’ANBT, dont la mission prend un caractère d’urgence absolue, compte tenu de la situation que vit le pays.
Le même rapport soutient que le pays a perdu 1279,26 millions de m3 en raison de l’envasement des barrages. Un gros volume qui représente néanmoins 16,4 % de la capacité totale initiale de stockage. Laquelle dépasse les 7754 de M3. On apprend également que les estimations prévisionnelles de l’agence font ressortir qu’en 2025, l’envasement atteindra un niveau de 1400 millions m3 pour les seuls barrages existants, soit 18,05 % de la capacité globale d’emmagasinement d’eau.
Il faut savoir, au passage, que l’ANBT gère actuellement 80 grands barrages. Depuis 1962 quatre opérations de dévasement ont été engagées. Ce qui revient à constater une longue expérience en matière de dragage et la mise en dépôt de la vase et de sa récupération. Pour avoir un aperçu que l’importance d’une pareille opération, il est utile noter que la troisième campagne de dévasement a duré de 2012 à 2018. Six longues années. Trois barrages étaient concernés et 16,1 millions M3 de capacité de stockage ont été récupérés. Cela renvoie au gigantisme de l’opération en cours, lancée dans 9 barrages avec une ambition de récupérer 38 millions de M3. Le dévasement ne servira véritablement que lorsque les causes de l’envasement sont traités. A ce propos, l’ANBT a initié depuis janvier 2021 une opération de reboisement de plus de 300.000 arbres autour des versants immédiats des bassins en vue d’éviter l’érosion des sols, qui est à même d’entraîner le phénomène d’envasement.
Cela pour les projets immédiats destinés à récupérer des capacités de stockage perdues. Concernant les moyens matériels déployés et les fonds engagés pour réussir l’opération, l’ANBT a fait appel à des entreprises publiques et privées ainsi qu’à son propre matériel acquis pour cette mission. Mais dans le même temps, l’agence souligne la nécessité d’une drague suceuse avec des capacités d’aspiration allant de 2000 m3/heure à 4500m3/h, associée à un bateau de servitude assurant le ravitaillement en gasoil et autres. La mobilisation de ce matériel lourd a une conséquence financière directe. Le coût de la vase à extraire est estimé de 160 à 170 DA par 1 m3.
Le coût de la campagne s’élève à plus de 6,4 milliards de dinars. Il ne faut pas s’attendre à ce que le consommateur final paye la note. Quant au dévasement mécanique de barrages asséchés, les prix doublent, avec 300 à 360 DA/ le M3. Ce coût s’explique par le risque que comporte cette méthode de dragage. L’introduction d’un engin (pelle ou camion) dans une vase imbibée d’eau provoquera l’enfouissement complet de ce matériel, a averti l’agence tout en soutenant que «le recours à cette technique n’est efficace qu’au niveau des retenues où la vase est complètement asséchée et compacte», lit-on dans le rapport.
Cette réaction que d’aucuns peuvent qualifier de tardive, au regard de la crise que traverse le pays traduit la situation de stress extrême dans lequel vivent les autorités du pays. La seule solution pour l’heure, serait la clémence divine et un retour d’une pluie abondante.
Anissa Mesdouf

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