Oran Aujourd'hui

Démagogie et culte des illusions…

On a appris dimanche dernier la prochaine création à Oran d’une école de musique qui dispensera des cours d’initiation et de perfectionnement à tous ceux qui ont un penchant pour la musique quels que soient leurs âges, enfants ou adultes. Très belle initiative engagée et annoncée par le chef d’orchestre Amine Kouider et Mohamed Affane, le fondateur du Théâtre privé La Fourmi situé dans l’enceinte de l’Hôtel. Cependant les mauvaises langues locales n’ont pas manqué de sourire, et de critiquer l’ambition démesurée affichée par cette annonce qui, bien plus qu’une simple école, parle de créer une « académie internationale de musique » qui sera pour la première instituée à Oran en Algérie. Pourquoi pas diront les plus enthousiastes, voulant encourager ce projet pouvant, selon eux, apporter un souffle culturel nouveau et particulier sous le ciel oranais. Un ciel culturel bien terne et morose, marqué surtout par les éternels agitations officielles rythmées par les galas et les présumés concerts de Rai et de folklore local revisité. Seul le théâtre tirait jadis son épingle du jeu en livrant de temps à autres des pièces dignes d’être citées. Comment parler d’une académie de musique, de dimension internationale, là ou les soirées musicales se réduisent dans le meilleur des cas à l’écoute de groupes de chansons andalouses ou de jeunes amateurs de jazz ou de musique moderne en quête d’applaudissements. Ni Mozart ni Beethoven ni Debussy ne peuvent être inscrits au menu des activités musicales d’une ville handicapée par de lourds retards et déficits dans tous les domaines. Une ville socialement clochardisée, où même le patrimoine musical traditionnel a été perverti, détourné et marginalisé au profit des improvisations et de la médiocrité. Vendredi dernier, Amine Kouider, et sa sœur Hayat, une virtuose du violon, ont offert au public du théâtre la Fourmi un concert de musique classique renouant avec la noblesse de l’art musical universel que l’on croyait ici à jamais perdu. Certes, ces deux éminents membres de l’orchestre philharmonique national maîtrisent à merveille leur sujet. Ils ont évidemment le droit de parler et de rêver d’une académie musicale internationale à Oran. Malheureusement, l’ambition semble bien démesurée et le discours, au contour publicitaire, flirte avec la démagogie et le culte des illusions…
Par S.Benali

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