A Aïn El Türck, les ramadhans se suivent mais ne se ressemblent plus. Les soirées ramadanesques sont d’une morosité à faire bailler un chat.
L’animation, artistique et culturelle, a depuis longtemps fui la cité balnéaire, le peu de loisirs encore subsistant, se résume au remplissage des cafés et les espaces publics, histoire de humer un peu d’air frais et oublier peut-être l’espace d’un instant, les inconstances d’une journée durement affectée par l’hostilité de la hausse de la mercuriale. Le combat au quotidien contre la rudesse du pouvoir d’achat et les harassantes journées à courir derrière les produits de consommation de base, ne trouvent leur répit que dans la délectation d’un café «press» bien serré, histoire de se remonter le moral et se booster pour la journée du lendemain. L’ennui et la morosité à Aïn El Türck sont devenus une mauvaise fortune contre laquelle on fait bon cœur, puisqu’il n’y a rien en échange. Et pour cause, sans salle de cinéma, ni salle de théâtre, ni autre moyen d’émancipation, auquel s’ajoute désormais le désert artistique et culturel durant ces veillées ramadanesques, il est aisé de deviner la léthargie dans laquelle est plongée la population turquoise. Manque-t-on à ce point d’imagination ou d’ambition pour ne pas prévoir un programme culturel durant ce mois sacré pour égayer quelque peu la ville et donner un peu de plaisir à cette population ? Qu’aurait coûté à la commune de dresser un chapiteau au centre de la ville et faire participer les jeunes troupes musicales artistiques qui foisonnent à Aïn El Türck et qui n’attendent qu’à être sollicitées pour se produire sur scène ? Aucun signe de vie, l’on se morfond dans un silence religieux, comme si les citoyens n’avaient pas droit à quelques moments de consolation. Pourtant, la commune d’Aïn El Türck est originellement habituée à organiser et accueillir des manifestations culturelles et artistiques notamment lors des ramadhans, lesquelles manifestations profitaient également aux visiteurs occasionnels qui y trouvaient un moyen de se détendre et goûter aux plaisirs de la vie nocturne. Mais il est dit que ce ne sera pas pour cette fois-ci, les têtes étant ailleurs à fouetter on ne sait, quels chats !
Karim Bennacef