En plaçant le débat, non pas sur le simple champ de la morale, mais également dans celui de la loi, le Premier ministre ne manquera pas de mettre en évidence la dimension stratégique de l’éthique et rappeler que «le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, l’a placée parmi les priorités de son programme».
L’administration et l’entreprise publique en Algérie posent-elles un problème d’éthique, en ces temps de corruption quasi endémique ? Les récents grands procès qui ont défrayé la chronique à partir de 2019 à nos jours, traduisent une inquiétude légitime et donne au questionnement toute sa raison d’être. Le Premier ministre qui a présidé, hier, les travaux d’une journée d’étude sur l’éthique dans l’administration et l’entreprise publique est, au même titre que tous les Algériens, témoin de la fragilité du système de contrôle, notamment. Retenant dans son allocution devant un parterre de responsables de l’administration et de la sphère économique publique, le fait que «l’éthique n’est pas seulement une question de principes et de valeurs», Abdelaziz Djerad a mis en exergue «un ensemble de règles juridiques qui doivent être instaurées pour construire un système de gouvernance cohérent et crédible». En plaçant le débat, non pas sur le simple champ de la morale, mais également dans celui de la loi, le Premier ministre ne manquera pas de mettre en évidence la dimension stratégique de l’éthique et rappeler que «le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, l’a placée parmi les priorités de son programme». De fait, M.Djerad suggère que la moralisation de la vie publique et du service public, en particulier, passe impérativement par un diagnostic «minutieux et objectif du phénomène de la corruption et de ses véritables causes». On aura déduit du propos du Premier ministre que l’intérêt qu’accorde l’exécutif à la moralisation de la vie publique, tient du contexte actuel, «marqué par la crise complexe et multidimensionnelle que traverse notre pays, comme tous les autres pays, et qui touche aux valeurs, aux mentalités et aux comportements», a encore souligné M.Djerad. Il révèlera à ce propos, l’intérêt croissant des citoyens, des opérateurs économiques et des partenaires sociaux pour la nécessaire réforme de l’administration publique. Une attente que l’exécutif prend à sa juste mesure et promet de mettre fin aux «dépassements dans la gestion des affaires publiques, la corruption, le népotisme, la dilapidation du denier public, la bureaucratie». Ces fléaux, dira le Premier ministre qui ont «impacté négativement la nature de la gouvernance dans le pays et entamé la confiance du citoyen dans les institutions de l’Etat». Le diagnostic n’est pas le remède. Ce dernier doit aboutir à la restauration de cette confiance perdue. Pour M.Djerad, cela est «une condition sine qua non pour la réussite de toute politique de développement», assurant qu’une telle entreprise «passe par l’amélioration de la relation administration-citoyen à travers un service public de qualité, l’écoute de ses préoccupations et des solutions adaptées à ses problèmes».
La solution sera, à bien suivre Abdelaziz Djerar, «de réunir des mécanismes et des règles de nature à assurer le bon fonctionnement du service public, de même que des principes et des valeurs éthiques à même d’orienter et d’encadrer le comportement de l’agent public». Il a, de ce fait, rappelé que le président de la République a souligné «la nécessité de renforcer la transparence, de lutter contre la corruption et de proposer des mécanismes permettant d’éviter les conflits d’intérêts entre l’exercice des responsabilités publiques et la gestion des affaires, afin de soustraire la gestion des affaires publiques au pouvoir de l’argent».
Des instructions présidentielles portant sur la mise en place de cellules d’écoute des citoyens ainsi que la prise en charge de leurs préoccupations au niveau des instances et administrations centrales et locales relevant des différents secteurs, devront être de plus en plus visibles et efficaces. Pour cela, «des mécanismes de communication ont été élaborés, à l’instar des plateformes numériques et des bureaux d’écoute et de prise en charge des préoccupations des citoyens et des opérateurs économiques», précisé le Premier ministre. Mais encore faut-il contrôler leur travail et faire le bilan de cette écoute.
Par ailleurs, le Premier ministre a déclaré, que le gouvernement était déterminé à poursuivre sa démarche visant à asseoir les bases de la concertation, en associant les agents publics dans la gestion de leur parcours professionnel, à trouver les meilleurs cadres de dialogue social avec les différents partenaires pour régler les conflits professionnels, et à aplanir les difficultés qui entravent le bon fonctionnement et le développement du service public en vue de renforcer la paix sociale et de réaliser la croissance économique.
Yahia Bourit