Nichée dans une zone à cheval entre la daïra de Boutlélis et celle d’Aïn El Turck, la municipalité d’El Ançor a énormément perdu de son aura d’autrefois.
L’indigence des esprits de ceux, qui ont eu à gérer, ces dernières années, les destinées de cette municipalité a été, en grande partie, à l’origine de sa cruelle déchéance. Il fut un temps où El Ançor était réputée pour sa double vocation agropastorale à l’image entre autres de luxuriantes rangées d’arbres fruitiers d’une large variété, qui à l’époque s’étendaient à perte de vue dans ces prestigieux paysages. Au début des années 1980, les autorités locales ont tenté de la mettre sur les rails du secteur du tourisme, mais malheureusement et probablement en raison de l’absence de professionnels avérés sur le volet du tourisme balnéaire, synonyme de création d’une multitude de postes d’emploi, cette municipalité a cependant et lamentablement sombrer dans le sordide informel. L’entrave bureaucratique sur laquelle ont buté nombre d’investissements, qui auraient été en mesure de relever la barre et sauver les branlants meubles, qui restaient encore à l’époque en termes de promotion du tourisme, a finalement contribué grandement à l’installation du morbide avec son éventail de contraintes et autres désagréments. Les scandales qui ont éclaboussé l’Apc d’EL Ançor illustrent ce piètre état de fait.
Le dernier en date remonte à moins de trois mois auparavant avec le détournement d’une exploitation agricole au profit du béton à la faveur de la complaisance et l’insolente indifférence des uns et des autres. Il s’agit de 26 constructions, qui ont été érigées illicitement dans la coopérative agricole Boughanem, située à la sortie est de ladite municipalité, sur une superficie de plus de 6 000 m2, longeant la route menant au complexe des Andalouses. Celles-ci ont été ciblées par une opération de démolition initiée par la daïra d’Aïn El Turck. L’enquête de la gendarmerie a révélé, rappelons-le, que l’exploitant de cette coopérative agricole ne dispose que d’un acte de jouissance, dont il a bénéficié dans le cadre d’une aide de l’Etat pour la promotion de l’agriculture.
Sauf que cet exploitant n’a pas hésité à transgresser la réglementation en vigueur et ce, en procédant au morcellement de cette terre agricole en parcelles de 140, 250, 300 et 400 m2 qu’il a revendu à partir de 120 millions de centimes pour la plus petite des superficies. Comme la loi ne protège pas l’ignorant, les acheteurs attirés par l’emplacement de cette terre agricole par rapport à sa proximité avec la mer, comme une aimant attire la limaille, qui se sont bousculé au portillon de cet contrevenant pour conclure leur transaction, se sont retrouvés finalement le bec dans l’eau, indique notre source. Cette grave malversation s’est soldée par une mesure de suspension du maire d’El Ançor, qui a été notifiée par l’ex-wali d’Oran. Il importe de noter que fort malheureusement la bidonvilisation a connu par contre un grand et putride essor à El Ançor.
En effet, selon le constat établi sur le terrain, c’est à la sortie nord-ouest de cette circonscription, non loin du bas côté de la route menant à la daïra de Boutlélis, au pied du mont Murdjadjo, qu’est né, au début des années 1990, l’un des premiers regroupements de constructions illicites, communément appelé « bidonville plastique » en référence à cette matière, qui a été utilisée pour recouvrir les toits des ces masures dans le but de freiner l’infiltration les eaux de pluie. Ce bidonville où ont élu domicile des dizaines de familles sinistrées, fuyant à l’époque les actes de terrorisme qui prévalaient dans leurs lointaines contrées d’origine, s’est étendu pernicieusement aussi rapidement qu’une traînée de poudre avant, par la suite, de faire des émules à travers le subit foisonnement de regroupements de masures ayant insidieusement envahi d’autres zones essaimées à travers ladite municipalité et ce, à la faveur de l’impavide indifférence des uns et des autres.
L’ironie du sort veut encore que la population de cette municipalité soit encore plus durement confrontée aux effets très néfastes sur la santé des carrières d’agrégats, qui ont poussé sur les flancs de la falaise, ceinturant cette circonscription, comme des ruches, particulièrement explosives, plutôt que bourdonnantes. Cette activité vivement décriée par la population, qui a rendu l’air presque irrespirable et constitue la cause directe d’un taux très élevé de personnes souffrant de maladies respiratoires a encore pris une fulgurante ampleur ces dernières années et ce, en dépit des nombreux sit-in observés pour revendiquer son arrêt pur et simple.
La population a, en effet, à maintes reprises, dénoncé ce malheureux et hautement dommageable état de fait sur la santé publique et ses graves conséquences, dont sont exposées notamment les enfants et les personnes âgées.
Il importe de signaler sur le sordide registre des constructions illicites, que même certaines terres agricoles fertiles ont été malheureusement bidonvillisées dans nombre de zones dépendantes administrativement de cette circonscription où la faune de l’informel semble vraisemblablement avoir de beaux jours devant elle. « Les responsables, qui se sont succédé depuis les années 1990 ont tout simplement fait, chacun d’entre eux, preuve de pagnoterie face à la montée du phénomène de l’anarchie, en tolérant l’illicite et ce, en faisant semblant de regarder le doigt montrant la lune, alors que, comble de l’ironie, notre municipalité avait été désignée comme un tremplin pour l’essor du Tourisme balnéaire, qui avait le vent en poupe au cours de cette époque.
Il est désolant aujourd’hui d’assister à la vertigineuse décadence d’El Ançor, qui ne cesse de dévaler la pente du gouffre de l’abîme » ont déploré d’anciens habitants d’El Ançor avec une humeur bilieuse.
Rachid Boutlélis