Oran

Entre urbanisation galopante et protection littorale à Aïn El Türck : un équilibre précaire !

Aïn El Türck, station balnéaire prisée de la côte algérienne, est aujourd’hui confrontée à un dilemme majeur : la tension entre l’urbanisation croissante et la nécessité de protéger son littoral. Alors que les lois 90-29 et 02-02 visent à encadrer l’aménagement urbain et à préserver les zones côtières, force est de constater qu’elles sont souvent contournées au profit d’intérêts privés.

Adoptée le 1er décembre 1990, la loi 90-29 stipule que toute construction dans une bande de 100 mètres à partir du rivage est frappée de servitude de non aedificandi. Cette réglementation vise à protéger les rivages des agressions urbanistiques et à préserver les écosystèmes fragiles qui s’y trouvent. En 2002, la loi 02-02 renforce cette protection en insistant sur la valorisation du littoral.

Pourtant, ces dispositions semblent souvent ignorées. À Aïn El Türck, des habitations individuelles et des projets immobiliers d’envergure continuent d’émerger, défiant ainsi les réglementations en vigueur. Cette urbanisation galopante entraîne des conséquences néfastes pour l’environnement. La construction sur des zones sensibles perturbe les écosystèmes marins et côtiers, mettant en danger la biodiversité locale.

Les habitats naturels, qui jouent un rôle crucial dans la régulation des écosystèmes, subissent une pression accrue. Les plages, autrefois préservées, sont désormais menacées par l’érosion et la pollution liée aux activités humaines. Les autorités locales, héritières d’un antécédent, semblent dépassées par la situation. Manque de moyens, de personnel et/ou de volonté politique, les raisons de cette impasse sont multiples. Les contrôles sur le terrain demeurent sporadiques et insuffisants, laissant le champ libre aux promoteurs immobiliers peu scrupuleux. De plus, les pressions exercées sur les décideurs compliquent davantage la mise en œuvre des lois existantes.

La situation à Aïn El Türck est révélatrice des défis que rencontre l’Algérie dans la gestion de ses espaces littoraux. Pour garantir un avenir durable, il est impératif de renforcer l’application des lois existantes et de promouvoir un développement qui respecte l’environnement tout en répondant aux besoins des populations locales. L’équilibre entre urbanisation et protection du littoral n’est pas seulement une question de législation, mais un enjeu crucial pour les générations futures. Cette impasse souligne un malaise profondément ancré dans la gestion des espaces urbains à Aïn El Türck.

Les résidents, à l’instar de ceux de la station balnéaire « Aïn Safia », ex Claire-Fontaine, inquiets pour l’avenir de leur environnement et de leur qualité de vie, se mobilisent pour faire entendre leur voix à travers des plaintes et des pétitions. Cependant, leurs efforts semblent être vains face à l’inaction des autorités locales, qui peinent à répondre à leurs préoccupations.

Les plaintes des locataires mettent en lumière des problématiques telles que la dégradation de l’environnement, l’augmentation de la pollution et l’insuffisance des infrastructures publiques. Ces résidents, qui ont choisi de vivre dans un cadre naturel préservé, se sentent trahis par un système qui ne parvient pas à protéger leurs intérêts. Ils se retrouvent ainsi devant un fait accompli, où l’urbanisation sauvage transforme peu à peu leur cadre de vie en un environnement stressant et peu accueillant.

Les autorités locales, quant à elles, sont prises dans un dilemme. D’un côté, elles doivent faire face à des attentes croissantes en matière de développement économique et d’attractivité touristique. De l’autre, elles sont responsables de la protection de l’environnement et de la préservation des ressources naturelles. Ce manque de coordination et de vision claire entraîne une paralysie dans la prise de décision, laissant les citoyens et les promoteurs immobiliers naviguer dans un flou juridique préjudiciable.

Pour sortir de cette impasse, il est impératif d’établir un dialogue constructif entre les résidents, les autorités et les promoteurs. Des forums de discussion pourraient permettre de trouver des solutions concertées qui respectent à la fois les aspirations des habitants et les exigences de développement. De plus, il serait judicieux d’intensifier les efforts de sensibilisation auprès de la population et d’engager des campagnes de protection de l’environnement afin de fédérer les acteurs autour d’un objectif commun : la préservation du littoral d’Aïn El Türck pour les générations futures. Ainsi, le défi demeure : il est nécessaire de trouver un équilibre entre urbanisation et protection de l’environnement, afin que cette station balnéaire conserve son attrait et sa richesse naturelle tout en répondant aux besoins de ses habitants.

Karim Bennacef

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