Extensions anarchiques, transformation des façades et clochardisation avancée…
Dans bon nombre de quartiers et de cités d’habitat, le phénomène des extensions sauvages, de transformations de façades d’immeubles d’habitation en locaux commerciaux, ou d’aménagement d’un espace public en garage terrasse ou jardin clôturé, a pris une ampleur alarmante.
Malgré les lois et règlements urbains sanctionnant ces pratiques, bon nombre d’énergumènes, dénués de toute notion de respect du vivre-ensemble et des valeurs de la citoyenneté, ne semblent motivés et animés que par la course à l’occupation d’une parcelle du domaine privé de l’Etat. Certains poussent même leur débile avidité à justifier leurs actes par le fameux slogan «L’Algérie appartient à tous les Algériens». Laissant entendre «qu’il faut vite se servir» et occuper les espaces publics mitoyens disponibles.
Un éminent sociologue oranais a indiqué dans un article récent que l’évolution de ces pratiques anti-sociales a été de indirectement encouragée par les carences et la médiocrité des modes de gestion des espaces publics sur le territoire communal. Citant l’exemple de la petite mosquée aménagée dans l’entre-sol d’un immeuble, l’universitaire a souligné que la démolition d’une partie des murs de fondation pour agrandir l’entrée de la salle de prières n’avait pas à l’époque interpellé ou inquiété les autorités locales et municipales qui avaient fermé l’œil, malgré les alertes lancées par des résidents et quelques rares défenseurs de l’ordre urbain et architectural.
Et conformément au syndrome social dit de «la vitre brisée», et non réparée rapidement, bon nombre de résidents de la cité ont suivi l’exemple des «bâtisseurs» de cette salle de prière pour engager eux aussi des travaux de transformation des fenêtres en rez-de-chaussée en véritables portails d’accès à un commerce ou à une extension sur un espace clôturé servant à une quelconque activité. Même des vides sanitaires et des parties communes dans certains immeubles, squattés par de présumés sans abris ont subi des modifications et des extensions sur le domaine public. A l’image de ce bâtiment longeant l’espace vert abandonné en face de la clinique Nekkache.
Les extensions et déformations hideuses de la façade architecturale commises en toute impunité ne semblent guère déranger. Quelques résidents irrités par ces aménagements anarchiques et illicites soulignent avoir écrit et adressé des messages aux responsables et élus concernés. Mais rien n’a été entrepris pour endiguer le fléau de la clochardisation qui ne cesse de progresser. Un peu à l’image de cette vieille carcasse de fourgon Volkswagen toute rouillée, abandonnée depuis des lustres sur le semblant de trottoir, juste en face d’une célèbre pâtisserie et d’un laboratoire d’analyses médicales.
Des images qui cultivent hélas une ambiance de banalité, voire de « normalité » propre à un dérèglement des valeurs et des normes élémentaires de la vie en collectivité…
Par S.Benali