
France : des centaines de milliers de manifestants contre le plan d’austérité
Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont participé jeudi, partout en France, à la mobilisation massive contre l’austérité budgétaire, l’abrogation de la réforme des retraites et davantage de justice fiscale, organisée à l’appel des syndicats.
Les manifestants ont paralysé le pays avec des grèves dans les transports, visant notamment le métro parisien, des barrages routiers et des rassemblements à travers toutes les régions de France, huit jours après le mouvement citoyen «Bloquons tout» du 10 septembre, qui a rassemblé environ 200.000 personnes, selon le décompte officiel. L’Intersyndicale a réussi jeudi à faire montre de ses capacités mobilisatrices.
Les organisateurs qui s’attendaient, en effet, à une mobilisation très importante, estimée entre 600.000 et 900.000 personnes pour la France, dont 100.000 à Paris, ont annoncé «plus d’un million de personnes» à travers la France. Une affluence du même ordre que celle contre la dernière réforme des retraites en 2023, quand les manifestations avaient régulièrement réuni un million de participants dont un pic à 1,4 million.
A 15 heures, les autorités françaises dénombraient déjà entre 300.000 et 400.000 manifestants dans toute la France. A Paris, où la manifestation a pris le départ à 14 heures depuis la place de la Bastille, les chiffres de la mobilisation ne seront pas connus avant la fin de la journée. Le principal syndicat du secondaire, Snes-FSU, avance un chiffre de 45% de grévistes dans les collèges et lycées, dans le cadre de cette mobilisation générale. Pour la Secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, c’est «d’ores et déjà un succès». Elle s’est félicitée de la participation de milliers de manifestants dans toute la France.
La SG de la première force syndicale en France a dénombré «des milliers de grèves sur les lieux de travail» avec des écoles, des crèches, des bibliothèques et des piscines «très largement fermées», mais aussi des usines, comme celle d’Alstom et des transports «très touchés» par les grèves. Elle a rappelé, dans ce contexte, les principales revendications des syndicats: «enterrer le budget Bayrou», et «l’abrogation de la réforme des retraites», soulignant qu’il n’y aura «pas de stabilité gouvernementale sans justice sociale». Une «détermination immense» pour «une colère immense», d’après Sophie Binet, qui défie le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, nommé la semaine dernière. Selon le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, présent dans la manifestation à Paris, «il y a un malaise qui s’est transformé progressivement en crise. Et peut-être demain, en crise de régime». «Si on veut l’éviter, il faut que ce gouvernement comprenne que les revendications sont claires.
Les Français veulent pouvoir vivre mieux», a-t-il fait savoir. Dans les rangs des manifestants, toutes les générations sont représentées, écho d’un malaise partagé. Souvent, un constat qui tombe: «On n’en peut plus», résume un participant qui dit n’avoir connu que «précarité et fragilité». Les manifestations ont été émaillées d’incidents, notamment à Paris, Nantes et à Lyon où des personnes ont été légèrement blessées lors de heurts entre les forces de l’ordre et des manifestants. Environ 80.000 policiers et gendarmes ont été déployés à travers toute la France.