Gestion des bidonvilles et «politique du relogement»
Les habitants du bidonville de Ras El Aïn ont lancé encore une fois un appel au wali d’Oran, lui demandant de programmer leur relogement lors des opérations prévues dans le cadre de la célébration du 5 juillet. Il est vrai que les occupants de ce grand bidonville ont connu pas moins de quatre reports de date après l’annonce de leur relogement imminent. «Finalement on espère qu’il s’agit bien de report et non pas d’annulation… car les rumeurs sur le non- respect des délais et le manque de logements disponibles ne cessent de s’amplifier» se lamente un père de famille concerné. «Après les nombreux reports de l’opération, nous avons reçu de nouvelles promesses de relogement pour le jour de la célébration de la fête de l’Indépendance et nous espérons que ces promesses soient tenues » souligne un membre du comité des habitants de Ras El Aïn. Des membres du comité qui ne cessent, à tort ou à raison, de pointer du doigt l’opération de relogement des 1 110 familles de «Batimate Taliane» programmée, disent-ils non pas pour des urgences humanitaires et sociales comme c’est notre cas, mais pour des raisons de gestion foncière imposée par la conjoncture. «Des sit-in de protestation devant le siège de la wilaya et une pétition a été adressée au président de la République pour accélérer le processus de notre relogement,déclarent les familles concernées, mais rien encore ne semble se préciser». Selon certains occupants du bidonville, les logements qui leurs sont affectés seraient prêts pour la distribution mais l’opération est à chaque fois reportée. On se souvient qu’en marge de l’opération de relogement des 1.000 familles occupant le bidonville «Sebkha» à Sidi Chahmi, le directeur de l’habitat, avait annoncé que dans les prochains jours, d’autres opérations de relogement vont toucher 2000 familles des sites de Ras El Aïn à Oran et de l’ex résidence universitaire «CUMO» à Es Senia. Des prochains jours, qui se transforment en prochaines semaines puis en prochains mois, au gré des incertitudes et des improvisations propres à cette «politique du relogement» axée encore, il faut bien l’admettre, sur la seule culture des apparences et de la préservation de la paix sociale. On sait, depuis longtemps, qu’une grande majorité des occupants de bidonvilles, venus s’installer dans la grande ville bien après l’adoption des textes réglementaires régissant les procédures de relogement, ne sont en principe nullement concernés par l’affectation d’un logement neuf. A l’image des derniers occupants des baraques du douar Cheklaoua ou de la vieille cité universitaire CUMO, squattée à trois reprises en l’espace de trente ans… Jusqu’à quand ?
Par S.Benali