La production nationale, encouragée par les pouvoirs publics depuis ces dix dernières années, est salutaire pour faire face à la pandémie du coronavirus que vit l’Algérie actuellement.
Beaucoup de produits pharmaceutiques nécessaires à la lutte contre la pandémie ont été fabriqués localement par des opérateurs nationaux, ce qui a permis à l’Algérie de ne pas recourir à l’importation au moment où plusieurs pays producteurs ont interdit leur exportation.
C’est ce qu’a affirmé, hier, Abdelouahed Kerrar, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), lors de son intervention sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. «L’Algérie a pris la très bonne décision d’encourager la production nationale il y a plus de dix ans, elle en récolte les fruits aujourd’hui», a-t-il déclaré, affirmant que «Je n’essaye même pas d’imaginer qu’elle aurait été la situation si on ne fabriquait pas localement les produits utilisés contre le Covid d’autant que plusieurs pays ont interdit de les exporter».
Interrogé sur la crise de l’oxygène, M. Kerrar a affirmé que cette crise est due à des problèmes structurels car il existe plusieurs entreprises productrices, mais la coordination fait défaut. «Il y a certains problèmes de transport et d’autres sont liés au stockage sachant que la capacité de production est multipliée ces dix dernières années par huit ; donc c’est un effort important et il faut dire néanmoins que la demande a explosé», a-t-il fait remarquer. L’intervenant a affirmé que l’Algérie essaie de contenir la crise comme elle peut, indiquant qu’il y a l’impératif actuellement de porter des réponses concrètes afin de mieux gérer cette pandémie. «Nous pensons à l’UNOP qu’aujourd’hui, c’est le temps d’apporter des réponses concrètes à l’urgence, à la douleur et à la souffrance des patients. Viendra ensuite le temps où il faudra faire le bilan et tirer les leçons positives et négatives de cette crise», a-t-il suggéré.
Le président de l’Unop a affirmé qu’il faut arrêter d’improviser quand il s’agit d’une crise. «Les crises sanitaires comme toute autre crise se prépare avec la nécessité de mettre en place des simulations en temps froid, c’est-à-dire en temps de paix», a-t-il affirmé, précisant que «quand une crise arrive, chacun sait ce qu’il doit faire et où commencent ses responsabilités comme où elles s’arrêtent».
L’invité de la Radio nationale a affirmé qu’il y a la possibilité de recourir à l’importation quand cela est nécessaire. «Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, en 2021, a jugé utile de délivrer un programme d’importation pour importer le Lovenox ; heureusement ça a été fait, car entre janvier et juillet de l’année en cours comparativement à la même période de l’année passée, la consommation de ce produit a augmenté de 38%», a fait savoir le président de l’Unop. Pour M. Kerrar, la production de certains produits ne suffit pas, ce qui nécessite de recourir à l’importation. Il a également cité dans ce sillage la hausse de la consommation des antibiotiques de 38%. «L’antibiotique céfixime a augmenté, quant à lui, de 130%, c’est énorme et c’est dû à l’explosion de la demande en sept mois », a-t-il indiqué, ajoutant que « la demande de corticoïdes a augmenté, elle, de 42%».
S’agissant des concentrateurs d’oxygène, l’invité de la chaîne III a affirmé que l’Algérie pourra les fabriquer si la volonté existait.»S’il y a une volonté de les fabriquer, nos étudiants peuvent le faire ; il faut juste intégrer une industrie autour de ces concentrateurs. On importerait éventuellement quelques pièces mais ce sont des produits facilement fabricables», a détaillé M. Kerrar. Le président de l’Unop a indiqué dans ce contexte qu’il faut un chef d’orchestre qui définisse les produits qui relèvent de la souveraineté sanitaire.
M. Kerrar a indiqué que cette pandémie changera les habitudes et changera probablement les approches sanitaires, les localisations de fabrication et les politiques de santé, elles-mêmes.
Il a estimé que cette mission est actuellement prise en charge par le ministère de l’Industrie pharmaceutique. «Depuis que le ministère de l’Industrie pharmaceutique existe, l’enregistrement et la production ont repris, un cadre réglementaire a été mis en place en un temps record et il y a une Agence du médicament qui commence à travailler», a-t-il affirmé.
Samir Hamiche