Oran Aujourd'hui

La «banalisation» des scandales de gestion

Les Oranais, parmi les plus âgés, se souviennent sans doute de ce vieux scandale de détournement de deniers publics organisé par un ancien régisseur municipal qui dressait des listes fictives d’employés saisonniers présumés recrutés pour l’entretien des espaces verts et des plantations le long du périphériques et des trottoirs. Des centaines de travailleurs fictifs avaient ainsi servi, des années durant, à détourner l’argent de la collectivité locale pour remplir les poches des prédateurs mafieux de l’époque. Aujourd’hui, quarante années plus tard, les choses n’auraient semble t-il pas trop changé au sein de la municipalité oranaise entachée cette fois par un détournement de fonds publics de plus de 20 milliards de cts, liés à des surfacturations, des prestations payées mais non exécutées et des contrats douteux.
Suite aux premiers résultats de l’enquête lancée il y a quelques semaines, l’ex directeur du service d’hygiène et d’assainissement de la commune d’Oran, ainsi que le responsable de la gestion des stocks ont été placés sous mandat de dépôt, tandis que 18 autres personnes présumés complices ont été placées sous contrôle judiciaire. Mais curieusement, ce énième scandale de gestion à l’APC d’Oran ne semble pas choquer ni étonner outre mesure l’opinion locale sans doute trop habituée à ces affaires de prédation inscrites au registre des «banalités» de l’actualité locale oranaise. « Personne n’ignore que la mairie d’Oran est depuis toujours un nid de magouilles et de turpitudes contrôlé le plus souvent par des acteurs mafieux installés aux principaux rouages de gestion de la municipalité?». C’est ce que déclare un retraité municipal, expliquant que depuis l’indépendance la mairie d’Oran n’a pas cessé chaque année d’accroître ses effectifs, au gré des recrutements souvent fallacieux et inutiles décidés par les équipes d’élus successives installées à chaque mandat. «Des proches, des amis, des voisins, des recommandés, des imposés, des tricheurs et des racleurs de tous bords ont été ainsi installés dans l’enceinte municipale, formant des couches stratifiées d’employés correspondant à chaque mandat». Les mêmes mauvaises langues locales racontent l’épopée communale durant laquelle de présumés agents municipaux recevaient régulièrement un salaire alors qu’ils étaient employés à plein temps ailleurs, dans le secteur privé. Les histoires de «téléphones mobiles achetés par l’APC et qui disparaissent chaque année, de dépenses inconsidérées en gâteaux, confiseries, cadeaux et tableaux décoratifs, de ventes douteuses de pièces détachées de camions immobilisés au parc municipal , et bien d’autres dérives et inepties plus ou moins connues du grand public sont souvent évoquées dans les discussions de café… » Accentuant l’ambiance de «normalité» et de banalité qui ne semble déranger plus personne. Ainsi va Oran.
Par S.Benali

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