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Il y a 60 ans étaient signés les accords d’Evian:
La fin de la longue nuit coloniale

Très documentées et appuyées par de nombreux acteurs encore vivants, les négociations d’Evian n’ont, pour ainsi dire, pas de secret pour les historiens algériens et français. L’on sait parfaitement ce qui s’est passé avant, pendant et après.

La déclaration du cessez-le-feu, le 19 mars 1962, est incontestablement la dernière bataille remportée par l’Algérie combattante. Les Algériens ont lutté par les armes, la diplomatie, la culture, la solidarité entre le peuple et ses élites révolutionnaires. Toutes les actions menées par des millions de citoyens de toutes les couches populaires ont conduit la délégation du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) à s’asseoir face à des représentant de l’Etat français, pour concrétiser la victoire des Algériens sur une colonisation de peuplement bestiale et horriblement injuste.
Il y a de cela 60 ans, à midi précise, les armes de l’ALN et de l’armée française s’étaient tues. Les massacres et les crimes abjectes commis par l’Organisation de l’armée secrète (OAS), formée par des militaires et des colons réfractaires aux accords d’Evian, ont fait des centaines de victimes parmi les populations algérienne et française. L’objectif de faire capoter les accords d’Evian n’avait pas été atteint par les criminels, puisque le processus devant conduire à l’indépendance totale de l’Algérie a suivi son cours jusqu’au 5 juillet 1962.
Cette importante page d’Histoire de l’Algérie a fait l’objet de beaucoup de publications et de témoignages. Très documentées et appuyées par de nombreux acteurs encore vivants, les négociations d’Evian n’ont, pour ainsi dire, pas de secret pour les historiens algériens et fançais. L’on sait parfaitement ce qui s’est passé avant, pendant et après.
Le Pr d’histoire moderne et contemporaine de l’université «Ibn Khaldoun» de Tiaret, Mohamed Bellil, met en exergue dans son analyse de la situation de l’époque «le génie du négociateur algérien (qui) a permis de réaliser les objectifs de la proclamation du 1er novembre, notamment à travers la préservation de l’unité et de la souveraineté nationales entières». Il a ainsi indiqué, pour étayer son propos, que les accords d’Evian «ont mis fin à toutes les machinations fomentées par les négociateurs français et balayé toutes les thèses qui touchaient à l’unité territoriale et de la nation algérienne.» Ce sont là autant de «principes qui déterminent les relations futures entre les deux parties basées sur le respect mutuel et la coopération ont été définies et clarifiés à cette occasion».
Le Pr d’histoire moderne et contemporaine de l’université «Tahri Mohamed» de Bechar, le Dr. Abdelkader Salamani, explique que le négociateur algérien, soutenu par le front intérieur et la pression diplomatique, «a réussi à neutraliser les prétentions françaises sur les régions sud du pays que le colonialiste français a essayé de garder sous son emprise après les découvertes des hydrocarbures en 1956 et sa création de l’organisation commune des régions sahariennes en 1957». L’enjeu était effectivement de taille, puisque «ce projet visait l’exploitation et l’expansion économique dans le sud». Mais le piège français n’a pas fonctionné et les négociateurs de de Gall ont subi «une défaite lors de ces négociations, grâce à la constance et la stabilité de la position de la délégation du GPRA, qui a refusé de céder la moindre parcelle du sol algérien», signale l’universitaire.
Le volet politique avait bien entendu son importance et le Pr de sciences politiques et des relations internationales de l’université «Abdelhamid Ibn Badis» de Mostaganem, le Dr. Mohamed Hassan Daouadji, le fait remarquer en soulignant que les accords d’Evian sont une étape importante dans l’histoire diplomatique algérienne, une référence essentielle de la politique extérieure, des principes et des valeurs que l’Algérie défend. Dr. Daouadji a plaidé pour la création d’un centre de recherches au niveau des universités et des instituts des sciences politiques pour «réaliser des études allant au-delà de la dimension historique et politique, vers des dimensions psychologiques et sociales, de cet événement, notamment en ce qui concerne la gestion des négociations et la défense des positions stables, ainsi que la mobilisation au service des causes nationales». Les accords d’Evian demeurent, enfin, l’épilogue heureux d’une lutte populaire qui a marqué le 20e siècle.
Anissa Mesdouf

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