EDITO

La justice est anti-coloniale

L’Algérie se prépare à accueillir, ce dimanche, la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme en Afrique. Cet événement mémoriel, mais hautement politique, intervient dans un contexte africain où les mémoires sont ravivées. L’on a assisté ces dernières années à une vague de défiance d’une ancienne puissance coloniale qui, en quelques mois a perdu toutes ses bases militaires dans nombre d’Etats du Continent. Si les dirigeants de ces pays ont pris l’initiative d’afficher leur volonté d’en finir avec la colonisation, c’est que leurs opinions internes les en ont poussés. C’est dire la maturité des peuples d’Afrique qui prennent conscience que la décolonisation n’est pas une déclaration signée en bas d’un document, mais le résultat d’une volonté populaire ancrée dans les tréfonds de l’Histoire du Continent. Pendant des millénaires, les Africains naissaient libres. L’esclavage et la colonisation en ont fait les victimes expiatoires d’une civilisation prédatrice. La féodalité occidentale a réduit les africains en esclaves et la révolution industrielle en a fait des colonisés en puissance.

Ce réveil des consciences a abouti à une résolution du sommet de l’Union africaine adoptée en février 2025. Et l’initiative de la conférence relève de la volonté affirmée du président de la République Abdelmadjid Tebboune d’inscrire l’année 2025 dans une logique de reconnaissance et de réparation. En inscrivant ce thème sous le signe « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations », l’Afrique choisit d’en faire une boussole pour l’action présente et future.

La conférence symbolise une audace collective, celle d’ affronter des vérités souvent dévoyées par le bloc occidental. Elle met également à l’épreuve les équilibres géopolitiques. Car des peuples qui se réveillent apportent un souffle de liberté que l’on ne peut balayer d’un revers de la main. En cela, le parcours de l’Algérie, sa détermination à faire face à l’ancienne puissance colonisatrice et son ancrage africain, a joué dans cette évolution géopolitique africaine qui pose autrement la problématique de la décolonisation. Par sa présence déterminée sur ce terrain, l’Algérie se positionne comme un vecteur de solidarité et d’initiative continental. Elle en est la locomotive. Et c’est ce qui déplait à l’ancienne puissance coloniale qui s’est vu interdire le bombardement du peuple nigérien.

La France, c’est d’elle qu’il s’agit, craint la réussite de cette conférence. Si les nations africaines parviennent à transformer ce moment en un programme opérationnel, elles enverront un signal fort au monde. La justice n’est pas une option, mais une condition de légitimité et de cohésion pour un continent qui aspire à parler d’égalité et de dignité sur la scène internationale. En ce sens, l’initiative algérienne porte non seulement la mémoire, mais aussi la promesse d’un futur où réparations et réconciliations pourraient s’inscrire dans une justice durable et partagée.

Par Nabil.G

 

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