La P’tite plage à Aïn El Turc : un site d’agrément chargé de tristes anecdotes
Baptisée la P’tite plage vers la fin des années 1960 par les anciens riverains, ce petit site d’agrément, tapissé essentiellement de rochers, de récifs et de galets, enclavé dans une minuscule crique, façonnée artistement par les vagues, entre la plage de St Germain et celle de Beau-Séjour, demeure l’une des plages la moins fréquentée sur le littoral d’Aïn El Turck.
L’une des raisons serait liée à la présence de beaucoup de récifs et du peu de sable et aussi quelque peu de son histoire. Autrefois, la P’tite plage constituait le lieu de prédilection favori pour les pêcheurs à la ligne ainsi que les adeptes de la pêche sous-marine. Elle n’était fréquentée en majorité que par les familles domiciliées dans les habitations qui la surplombent.
De nos jours, elle demeure encore méconnue pour de nombreux vacanciers et dont certains l’évitent intentionnellement. C’est également l’une des rares plages qui est épargnée par l’envahissement des solariums, dont les gérants préfèrent de loin l’afflux des estivants, synonyme d’une recette non négligeable.
Un peu plus d’une dizaine d’années auparavant, la P’tite plage est sortie de l’anonymat, cependant et malheureusement, à la faveur d’un accident mortel, provoqué par un jet ski, qui a coûté la vie à une écolière, dont le domicile familial était à cette époque située juste au-dessous du lieu de ce drame. La jeune victime a été violement percutée par l’engin, qui naviguait sur le rivage où elle jouait.
Après cet accident, le peu d’estivants qui fréquentait ce lieu ont opté pour un autre site d’agrément comme si la P’tite plage avait été frappée par une sorte de malédiction. « Nous ressentions dans l’atmosphère un certain malaise, qui planait sur cette plage. Même l’eau donnait l’impression d’avoir été marquée par le sang qu’avait perdu cette enfant. Nous avons préféré aller ailleurs bien que nous aimions beaucoup nous installer sur ce site d’agrément, qui est resté en partie à l’état sauvage », ont déploré avec une pointe d’amertume d’anciens habitants de la rue de Paris, qui longe en surplomb la P’tite plage.
C’est également à la même époque, au large de cette crique, que deux jeunes pêcheurs ont péri noyé non loin du lieudit « Séquatalane ». Ils ont bravé la houle, qui était devenue plus forte ensuite, pour sortir en mer et tenter de retirer les rets qu’ils ont installés la veille. Leur frêle embarcation a chaviré après être tombée dans un tourbillon de courants.
Ces deux drames seraient à l’origine du peu d’engouement de la part des estivants à l’égard de la P’tite plage d’Aïn El Turck.
Rachid Boutlélis